Le monde -100 pays représentés- a marqué par une cérémonie à Hiroshima, jeudi 6 août, le 70e anniversaire du premier bombardement nucléaire de l’histoire qui aurait fait 140 000 morts. Une deuxième bombe sur Nagasaki, le 9 août aurait fait 70 000 morts de plus. Après ces bombardements, l’empereur Hirohito se résout à la capitulation du Japon le 2 septembre. C’est la fin de la seconde Guerre mondiale.
A la joie de la paix annoncée se mêle un angoisse nouvelle et Albert Camus lance un cri d’alarme : avec cette arme de destruction massive, l’humanité court dorénavant un péril mortel.
« Nous nous résumerons en une phrase : la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l’utilisation intelligente des conquêtes scientifiques.[…]
« Déjà, on ne respirait pas facilement dans un monde torturé. Voici qu’une angoisse nouvelle nous est proposée, qui a toutes les chances d’être définitive. On offre sans doute à l’humanité sa dernière chance. […]
« Devant les perspectives terrifiantes qui s’ouvrent à l’humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille d’être mené. Ce n’est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l’ordre de choisir définitivement entre l’enfer et la raison. »
11 ans plus tard, en 1956, le poète turc Nâzim Hikmet militant du Mouvement de la paix écrit le poème qui suit afin de recueillir des signatures pour une pétition.
C’est moi qui frappe aux portes,
aux portes, l’une après l’autre.
Je suis invisible à vos yeux
les morts sont invisibles
Morte à Hiroshima
il y a plus de dix ans,
Je suis une petite fille de sept ans.
les enfants morts ne grandissent pas.
Mes cheveux tout d’abord ont pris feu,
mes yeux ont brûlé, se sont calcinés.
Soudain je fus réduite en une poignée de cendres,
mes cendres se sont éparpillées au vent.
Pour ce qui est de moi,
je ne vous demande rien :
il ne saurait manger, même des bonbons,
l’enfant qui comme du papier a brûlé.
Je frappe à votre porte, oncle, tante :
une signature. Que l’on ne tue pas les enfants
et qu’ils puissent aussi manger des bonbons