Au débarquement des occupant italiens, en novembre 1943, il met son expérience militaire et professionnelle au service de la Résistance. Il travaille en collaboration avec le réseau Pearl Harbour – le radio Pierre Griffi notamment – qu’il héberge de longs mois, et avec lequel i sera arrêté. Après guerre, il reprend son activité professionnelle à EDF, syndicale (CGT) et politique (PCF).
Avant guerre, François Mariani a déjà une expérience de la marine militaire et commerciale en qualité de radio électricien. Et aussi une expérience politique et syndicale. A la déclaration de guerre, il est mobilisé aux Chasseurs alpins. Démobilisé après la défaite française, il rejoint son village, Vero, et reprend son activité chez son nouvel employeur, une entreprise d’électrification. Après le débarquement, des occupants italiens, en novembre 1942, il « entre » en Résistance. Il collabore étroitement avec la mission Pearl Habour, notamment en hébergeant Pierre Griffi jusqu’à ce qu’il soient tous deux arrêtés. Après guerre, il retournera à ses activités professionnelles au sein de l’entreprise EDF, et à ses activités syndicales (CGT) et politiques (PCF).
Né le 6 novembre 1912 à VERO (Corse du sud) Son père est militaire dans l’armée coloniale (Infanterie de marine). Sa mère décède en 1915 à Thelepte (Tunisie). François et sa sœur sont plaçés dans un orphelinat à Tunis avant de regagner la Corse en 1916 où leur grand-mère en aura la responsabilité. A l’école communale à Vero (Corse du Sud), il obtient son certificat d’études primaires en 1923. Études secondaires au Petit Séminaire d’Ajaccio (1923-1927). Bon élève. Il quitte le Séminaire en 1927.
Marine nationale :
1928 : il intègre l’Ecole des mousses (Brest) ou l’apprentissage militaire passe par les avirons, la voile, la culture physique – Brevet de radio-électricien de la marine de guerre (sept. 1929) .
Radio à bord du croiseur l’ « Armorique », puis à l’aéro-navale à St Raphaèl (Var).
Affecté au 2ème dépôt à Saigon. Radio à bord de l’ « Avalanche », escorteur effectuant des relevés hydrographiques sur le Mékong.
Marine marchande :
Dès 1932, radio à bord du cargo « Commandant Damiani » en Méditerranée, puis du paquebot l’ « Athos II » (long courrier) .
1933 – jours difficiles à Marseille, ou le chômage sévit parmi les inscrits maritimes.
Il ouvre un petit café en forêt de Vero, « Le chalet vert » où se retrouve la jeunesse de l’été 1936.
Il trouve du travail comme gardien de nuit sur divers chantiers (St Just, Cap pinède…)
De 1936 à 1939 il embarque à nouveau à bord de pétroliers pour des liaisons Marseille-Extrême Orient.
En 1935, François épouse Barberine ORSONI qui sera à ses cotés durant la Résistance. Un premier enfant naît en 1935.
François Mariani participe aux grèves des marins qui mettent « sac a terre » à Diego Suarez parce que les compagnies maritimes refusent d’appliquer la loi des 40 heures votées par le Front Populaire. Il quittera définitivement la marine marchande en 1939
En 1940, il est recruté à l’Union Electrique Rurale en Corse comme « encaisseur ». A moto, il effectue des encaissements dans le sud de la Corse.
Mobilisé le 27 avril 1940 au 152e dépôt de Chasseurs alpins à Nice. Après la défaite de la France, en juillet 1940, il est démobilisé. Il regagne la Corse qui est alors en « zone libre » mais où les divisions de Mussolini débarquent en novembre 1942. L’ile est occupée par 80.000 Italiens, suivis de quelques 5.000 Allemands à partir de mi-43.
Décembre 1942, François Mariani comme d’autres électriciens n’accepte pas la défaite. Contacté par Jacques Tavera, il rejoint un réseau de renseignements auprès de la « mission Pearl Harbour » arrivée clandestinement d’Alger par le Sous-marin Casabianca à mi-décembre 1942. Elle est dirigée par le Commandant De Saule jusqu’à son remplacement par le Commandant Paul Colonna d’Istria le 6 avril 1943. La première mission débarquée à Topiti, au nord de Cagèse est équipée d’un poste émetteur-récepteur sur ondes courtes. Distribution de tracts clandestins, collecte et distribution d’armes et de munitions,Mariani hébergera et apportera une aide quotidienne à Pierre Griffi (1) et son émetteur à Ajaccio, quartier St Joseph. A partir de février 1943, Pierre Griffi est hébergé à Vero chez François Mariani d’ou partent les messages pour les Alliés à Alger. Mais en avril 1943 une colonne de l’armée Italienne investit Vero. Pierre Griffi n’aura que quelques minutes pour « sortir » l’émetteur, s’évanouir dans la forêt, contourner le village et gagner à pied la gare de Mezzana – jusqu’en gare de Caldaniccia ou l’attend F. Mariani, qui l’héberge à nouveau, chez lui, Chemin St Joseph à Ajaccio.
De décembre 1942 à juin 1943, F. Mariani aura apporté une aide quotidienne au radio Pierre Griffi qui sera arrêté chez lui le 11 juin 1943 puis fusillé par les « chemises noires » le 18 aout 1943. Arrêté à Ajaccio en même temps que le radio Griffi, F. Mariani sera détenu durant près de 3 mois. Interrogé et traduit devant le tribunal militaire du XVe corps Italien qui siège à Bastia, le 16 aout 1943, il ne devra son salut qu’au courage du radio Griffi – et à l’action des patriotes qui libèrent la Corse dès le 9 septembre 1943.
Septembre 1943 : libéré, F. Mariani regagne son village de Vero. Avec un groupe armé, il installe, selon les directives d’Alger relayées par le Front national, une « délégation spéciale qui prend le contrôle de la Mairie, de la Poste et gère le ravitaillement. Avec un groupe armé, F. Mariani prend ensuite position sur la nationale 193 quirelie Ajaccio à Bastia. Bastia ne sera libéré que le 4 octobre 1943.
Après la Libération
La Corse libérée, F. Mariani reprend son activité professionnelle à l’Union électrique rurale qui, en 1946, avec trois autres compagnies insulaires seront nationalisées et réunies en une seule : EDF. Il y occupe les fonctions de magasinier pour y accompagner l’électrification de la Corse (2) : premiers barrages, centrales thermiques, lignes de transport, postes de transformation et l’alimentation électrique des villages reculés. En 1947, il milite à la CGT. Trésorier, il travaille à l’équilibre financier de la Mutuelle (CAS).
Parla suite, il sera de tous les combats syndicaux et politiques avec la CGT au sein de son entreprise et pour soutenir les revendications de la CGT en Corse (contre la fermeture des Chemins de Fer Corse notamment). C’est aussi un militant actif du Parti Communiste Français contre les guerres coloniales et pour les revendications insulaires du « Mouvement du 29 novembre ». (2)
François Mariani fait valoir ses droits à la retraite en 1966. Retraité à Vero, il participe à la vie communale. Adhérent à l’ANACR. Un temps secrétaire de Mairie, il obtient que le nom de Pierre Griffi soit donné à place de la Mairie de Vero, ce village où Pierre Griffi séjourna trois mois dans la clandestinité. Il décède en 1990 à l’Hôpital militaire de Toulon.
Charles Mariani
Sources : Archives familiales.
Notes
(1) (cf . Attestation de C. Giudicelli officier FFC du 5 fevrier 1954 / Attribution médaille militaire , François Mariani décret 5.01.1955 (JO du 7/1/1955 / Témoignage de Don Marc Sodini, compagnon de cellule caserne Battesti (Ajaccio) puis à la citadelle de Bastia (1943) .
(2) Sur l’électrification de la Corse : lire : « Une ile des hommes la lumière » / CMCAS,Delavalle-Campocasso, Ed Albiana, 2002.