Du culturel au politique. Du corsisme au fascisme.
A Muvra soutient François Coty aux élections de 1925 :
« Pour nous, et pour l’instant, il représente le Pays, la Race ». F. Coty (de son vrai nom Spoturno) est le riche parfumeur, né à Ajaccio, bailleur de fonds de plusieurs journaux fascisants en France et de la « marche sur Rome » de Mussolini en 1923.
10 mai 1928. A Muvra rends compte du procès des Alsaciens de Colmar en concluant :
« Quelle magnifique leçon pour nous autres Corses qui sommes les plus grandes victimes de l’esprit de 89 ! L’assimilation et l’égalitarisme révolutionnaire nous ont valu des maisons en ruine, des villages déserts, la malaria et les nombreuses guerres que l’oeil sanglant du jacobinisme a déchaîné sur le monde »
1931. A Muvra soutient le rapprochement du gouvernement français avec le Duce.
A Muvra ne souscrit pas « aux agressions jacobines contre la prudente diplomatie gouvernementale visant à un rapprochement avec l’Italie mussolinienne »
1936. A Muvra applaudit avec Dominique Paoli, maire d’Ajaccio et son conseil municipal, à la victoire italienne en Ethiopie.
« Rien de plus naturel à dire vrai que cette chaleureuse approbation pour le geste héroïque de Rome apportant en terre éthiopienne les aigles de la civilisation latine »
1938. A Muvra fait feu de tous bois contre le Front Populaire :
« l’expérience du Front Populaire a eu et aura encore pour la Corse des conséquences fort graves »
1938. Contre les judéo-bolcheviques et Londres :
« Les conflits actuels européens provoqués par l’internationale jacobine permettent d’affirmer que les fêtes ajacciennes [l’inauguration de la statue de Napoléon au Casone], ont constitué un prélude à la grande offensive hébraïque ourdie à Moscou et à Londres. »
Avec le Duce et avec Hitler qui vient d’avaler l’Autriche et la Tchécoslovaquie :
« Au nom de doctrines chaque jour moins claires, il nous faut prendre la défense de Negrin et de Benes, de l’Espagne rouge et de la Tchécoslovaquie indépendante, contre Benito Mussolini ou Adolphe Hitler ! ( ) Nous serions donc contraints, si le coup réussit, de nous battre contre notre sang ». « ( ) dans les grands bouleversements qui agitent l’Europe au printemps et à l’automne, les corsistes ne trouveront que des motifs de satisfaction ». Plus précisément à propos de l’Anschluss : « U sangue ha ritruvatu u sangue, u fratellu ha abbracciatu u fratellu » (Le sang a retrouvé le sang, le frère a embrassé le frère)
1939. Contre les Juifs et les francs-maçons.
A Muvra reproduit un texte du journal Le Porc Epic : « si les juifs et les francs-maçons veulent la ruine de Hitler et Mussolini qu’ils y aillent eux-mêmes ». Langage de bon sens, commente A Muvra
Le 1er septembre 1939, le jour même où l’Allemagne nazie envahit la Pologne, A Muvra carillonne pour l’Europe Allemande !
Ce sera sa dernière parution puisque le journal sera interdit de paraître le lendemain. « U toccu di a pace, fra poche ore, ha da chiuccà a i campanile di a vecchia Europa ». (Le carillon de la paix, dans quelques heures, va sonner aux clochers de la vieille Europe)
Lien : interview de Léo Micheli