L’aggravation de la vie quotidienne
La vie quotidienne est marquée par une occupation italienne devenue difficile à supporter : les troupes lavent leur linge et leurs gamelles dans les eaux du canal de la Gravona qui servent aux usages ménagers de la population. Les motocyclistes parcourent les artères d’Ajaccio à une vitesse dangereuse. A Ponte-Leccia, les perquisitions sont l’occasion de vols et le maire est menacé d’arrestation. Le capitaine des Chemises noires y fait régner la terreur. A Cateri, les Italiens coupent le mât sur lequel était hissé le drapeau français puis déchirent celui-ci. A Zevaco, ils quémandent, provoquent la population par des chants irrédentistes ou des inscriptions. Les conditions sanitaires se détériorent : les troupes d’occupation créent de nouvelles causes de contamination, notamment avec la recrudescence du paludisme. Enfin la pénurie de l’eau se fait sentir cruellement au mois d’août 1943. On murmure déjà le prix de 2 francs par litre.
Grèves et mouvement social
Avec la pénurie et le marché noir (de 1939 à 1943 les prix ont quintuplé) la population ouvrière est particulièrement touchée. Les salaires sont restés à un taux anormalement bas, même s’il n’y a pas de chômage. Certains travailleurs sont revenus à la terre. Les ouvriers de la société Champlan de Folelli se mettent en grève le 28 avril 1943 quand la direction décide d’augmenter la production. Les ouvriers du Gaz et de l’Electricité réclament un relèvement de 50 % des salaires au début du mois de juin 1943.
Vendetta et répression
Le gouvernement de Vichy a décidé de fêter la « Journée du travail et de la Concorde sociale » le 2 mai 1943. A l’approche du retour du 1er mai, le commandant du 7ème corps d’armée Italien rappelle au Préfet d’avoir à prendre des mesures de vigilance et décide une coordination efficace des divers services. Des tracts intitulés « Vendetta », organe du secteur des Jeunesses communistes bastiaises sont distribués, appelant à une manifestation. Le soir du 1er mai une bombe explose Place Pétain où est installé le commandant de la Marine Royale Italienne. La répression italienne est immédiate : l’heure du couvre-feu est avancée à 21 h. 30, les salles de cinéma sont fermées pour 10 jours. Une dizaine d’arrestation est effectuée. Un appel du Préfet à la population bastiaise paraît le 5 mai, lui demandant de « s’élever avec énergie contre les agissements des fauteurs de troubles ». Une note des Renseignements généraux du 19 mai révèle que la population a appris que la liste des suspects a été remise par l’Autorité française à l’Autorité italienne.
Le Front national de la Résistance au grand jour
Le 29 mai 1943, une patrouille italienne tue Louis Frediani, cheminot parti à la gare pour prendre son service. « Triste incident » pour le général Magli. Pour la population l’évènement est immense : les obsèques ont lieu le 30 mai en présence de 2 000 personnes. Deux couronnes du Front national de la Résistance entraînent une enquête. Le 4 juin, des tracts du Front national incitent la population à se venger comme l’on fait les Sartenais pour Finidori empoisonné par les carabiniers
Evelyne Torre