Les attentats contre les troupes d’occupation se multiplient à partir du printemps 1943 : dans la région de Sartène et de Prunelli di Fiumorbu, puis à Silvareccio. A Santo Pietro di Tenda des coups de feu sont échangés et 4 militaires italiens tués. Dans la région de l’Ospédale, c’est un militaire allemand qui est atteint le 1er septembre 1943. Les ressortissants italiens soupçonnés de délation sont assassinés. Le Préfet, prévenu par télégramme ou par téléphone en réfère immédiatement à Vichy. Le 7ème corps d’armée Italien ne l’informe pas. Le Préfet intervient auprès du commandant pour épargner des représailles trop lourdes parmi les populations. L’autorité de Vichy n’est plus qu’une façade.
Trafic d’armes et parachutages sont parfois découverts par la police… tardivement. Les Italiens semblent mieux renseignés. Les sources de connaissance de l’action résistante viennent ici des décisions du Tribunal Militaire Italien : action de sabotage, réception d’un sous-marin, espionnage et intelligence avec l’ennemi… Les sources du Préfet restent étonnamment lacunaires sur cet aspect. Des sources de la résistance, le témoignage des acteurs reste essentiel. Peu de documents subsistent, du fait de la clandestinité.
Les attentats contre les collaborateurs et les vengeances de patriotes dénoncés font partie de l’action résistante. Ainsi, un gros propriétaire de Sartène est abattu le 7 août 1943. Est-il sûr qu’il ait mouchardé auprès des autorités italiennes ? Certains le voient comme un trafiquant de marché noir.
Les Résistants ont une famille, des alliés, une bonne partie de la population avec eux : comment un père peut-il travailler alors que son fils est au maquis et qu’il sert d’otage ? Une lettre adressée au Préfet révèle tous les dangers encourus par les familles résistantes. Le jeunesse s’occupe d’accumuler les vivres pour ceux qui partent au maquis… Quand un prisonnier prend la route, parfois un barrage de pierre tente sa difficile libération : 101 gendarmes seront nécessaires pour la sécurité du transport !
Les directives du Front National sont à la fois militaires et politiques : isoler l’armée italienne, empêcher toute action du SOL (Service d’ordre légionnaire) et PPF (Parti populaire français). Les instructions pour les parachutages sont précises et quand le débarquement semble proche l’alerte sera ordonnée par message « Raymond soldera la traite des Fcs… »suit un nombre de 6 chiffres qui donnera l’heure et le jour : 4 h. 30 le 9… Les directives militaires prévoient la diffusion de l’alerte, la mobilisation, l’attaque des cibles, le déroulement de la bataille… et la fin du combat : un compte-rendu sera envoyé avec un état des pertes et un état des propositions de récompenses.
Evelyne Torre