Jérôme Santarelli, le compagnon de Jean Nicoli avec qui il fut arrêté, dans une interview donnée au journal « U Ribombu » (journal en date du 16 août 2006) raconte les circonstances de cette arrestation. Il explique pourquoi il est entré en résistance et ce que fut sa résistance.
Extraits :
U Rib. : Donc, le 8, quand il y a eu le débarquement en Afrique du Nord, les Corses attendent le débarquement allié sur l’île.
J.S. : Oui, beaucoup
U Rib. : Et le 11 novembre, quand la flotte arrive, ils pensent également que ce sont les alliés.
J.S. : Oui mais lorsqu’ils sont arrivés on a compris que c’étaient des Italiens ; et une masse importante : 80 000 hommes armés jusqu’aux dents, et en face d’eux pas toujours un fusil de chasse. Autrement dit, des poitrines nues contre des chars et des canons. C’est une des raisons de cette passivité.
U Rib. : Il n’y a eu aucun affrontement ?
J.S. : Non, rien du tout. Ils sont rentrés comme chez eux. (…) en Corse, il y a beaucoup de militaires, d’anciens militaires, et ceux-là ne pouvaient pas imaginer la trahison de Pétain, car c’était une trahison. Ils disaient « non, ce n’est pas possible que Pétain ait fait ça ». Ca faisait quand même un monde assez conséquent tout ça. Et puis il y avait une petite poignée -ils n’étaient pas nombreux, qui disaient « non on ne peut l’accepter ». Et cette poignée-là va se manifester dès le lendemain. Et le lendemain, il était écrit sur les murs et la chaussée qu’ils n’étaient pas les bienvenus. (…) Cette poignée ne va cesser de grossir, oui. Alors les raisons sont toutes simples, ce n’est pas possible de rester passifs pendant que se joue le sort de l’humanité et le sort de la Corse. Nous restons fidèles au serment de Bastia […]
U Rib. : Quels types d’actions avez-vous menées ? Des sabotages ?
J.S. : (…) nous ne pouvions rester sans rien faire et nous pouvions faire des choses, c’est-à-dire saboter au maximum. Alors : sabotages des lignes, inscriptions, c’est ce qu’on pouvait faire. Et c’était des actes de résistance graves. Et ça c’était facile à concevoir (…) tout cela a changé du tout au tout lorsque on a pu appuyer nos arguments en présentant une mitraillette, parce que si on en avait une on pouvait en avoir d’autres. Alors, les choses ont changé. Alors, naturellement il y avait des réseaux ; Pearl Harbour (NDLR : envoyée par le Gl Giraud et emmenée par le sous-marin Casabianca), puis Fred Sacamroni (NDLR : Sea Urchin, envoyée par le Gl De Gaulle), et puis ensuite, il y a eu Colonna d’Istria (NDLR : envoyé par le Gl Giraud).