Né(e) à Petreto-Bicchisano (France, Corse du Sud(2A)), le 28 Janvier 1923 – Décédé(e) à Petreto-Bicchisano (France, Corse du Sud(2A)), le 18 juin 1991
Paul Bungelmi est né dans une famille modeste à Petreto-Bicchisano, le 28 janvier 1923. Il accomplit sa scolarité à l’école primaire, puis au cours complémentaire de son village. A Dix-sept ans, il est reçu, à Ajaccio, au concours d’entrée à l’Ecole normale d’instituteurs de la Corse. C’est le printemps 1940 ; période où le régime de Vichy supprimait ces établissements qu’il considérait comme des « foyers de subversion ». Avec sa promotion, Paul Bungelmi fera ainsi sa formation d’élève-maître au lycée de Bastia de 1940 à 1943.
Pendant la guerre
Au mois de mars 1941, par idéal patriotique et antifasciste, il adhère au Front Patriotique des Jeunes. Il en sera le responsable au lycée avant de devenir membre de la direction départementale puis responsable de l’organisation en avril 1943 alors qu’il est exclu du lycée, après les manifestations des 22 et 23 mars 1943 à Bastia. Au soir de cette puissante manifestation patriotique il rejoint les jeunesses communistes. Il sera alors l’infatigable organisateur de la jeunesse corse dans la lutte contre l’occupant Son esprit énergique et rigoureux lui vaudront de remplir de nombreuses missions au titre du Front National. A Petreto-Bicchisano, il fonde, au mois d’avril 1942, le groupe du Front National avec de nombreux résistants. Il est au Travo pour une réception d’armes et de matériel du sous-marin Casabianca, sur différents lieux de parachutages d’armes, dans le maquis du sud avec Jean Nicoli. Là est l’école du courage ! Lors de l’insurrection de la Résistance Corse, à l’appel du Front National, le 9 septembre 1943, il apportera sa bravoure et sa détermination dans les combats de Bastia qui ne sera définitivement libérée qu’à l’aube du 4 octobre 1943. A la libération, Paul Bungelmi sera nommé officier et recevra la Croix de Guerre au titre de la Résistance. Démobilisé à Marseille au mois d’août 1945 après plusieurs affectations en Algérie et au Maroc, il regagne la Corse. Il est élu en 1946 secrétaire fédéral de l’Union des Jeunesses Républicaines de France et assume cette responsabilité jusqu’à la fin de l’année 1948. En 1949, il obtient sa réintégration dans l’enseignement. C’est dans la vallée du Taravo qu’il fera toute sa carrière, à Palneca puis à Frassetto et enfin à Petreto-Bicchisano, dans son ancien cours complémentaire. De 1961 à 1981, il dirigera avec passion l’école de son enfance devenue Collège d’Enseignement Général. Fidèle aux idéaux démocratiques de liberté, de dignité humaine et de justice qui étaient ceux de la résistance il sera après-guerre de tous les combats pour une Corse heureuse dans une France démocratique. A partir des années 1970 il n’aura de cesse de dénoncer la tragique spirale de la violence de la xénophobie, du chantage et du meurtre qui jetait l’île dans le trouble. Elu en 1982 à l’assemblée régionale, il en devient le vice-président délégué au logement et aux affaires sociales. Sa première préoccupation, à cette charge, fut le relogement des travailleurs immigrés, sa priorité était d’aller vers les plus faibles. Profondément attaché à sa culture, il soutiendra la nécessité de l’enseignement de la langue corse, tout en s’élevant contre un quelconque caractère obligatoire. Pour Paul Bungelmi et ses camarades ainsi que ses collègues et amis du journal A Spannata, la langue corse devait être appréhendée de façon concrète et vivante et ce dans le cadre du développement économique d’une région. Pour eux, le niveau de développement déterminait le contenu et l’ampleur de la vie culturelle. Tel était son projet de pédagogue et d’élu. La maladie contre laquelle il livre un âpre et long combat l’arrachera à l’affection des siens, par une coïncidence du destin, le 18 juin 1991 à Petreto-Bicchisano.
Extrait de GénérationS des Amis N°6/Avril 2001, disponible sur notre site