Paul Baptiste Guido Pardi est né le 25 avril 1920 à Sotta, fils d’Italo, tailleur de pierre et Angèle Marie Mancini originaire de Tavera. Il est âgé d’un an lorsque sa famille part pour Sartène où sa mère tient un restaurant très connu. A l’âge de 13 ans,sa famille s’installe au 42, cours Napoléon à Ajaccio. Le jeune Pardi fréquente le collège Fesch. C’est un garçon sportif, gentil et plein d’audace. Il se passionne pour l’aviation et entre à l’aéro-club de la Corse le 29 juillet 1938. A 18 ans, il obtient son brevet de pilote.

Pendant la guerre

Après la défaite, il se trouve en Afrique du Nord avec son unité. Il tente de rejoindre Londres sans succès. Libéré en 1941, il rejoint sa famille à Ajaccio où il commence à former un groupe de résistants à son domicile avec des amis et des membres de sa famille. Après l’arrivée des Italiens, en novembre 1942, son domicile devient une importante cache d’armes et un refuge pour les résistants. Comme il l’écrit dans une de ses lettres destinée à sa mère, en date du 30 octobre 1943 : « … ce n’était plus une maison, c’était un arsenal.» A l’arrivée de la mission Sea Urchin dirigée par Fred Scamaroni, à bord du sous-marin HMS Tribune, toutes les armes, les explosifs et les postes émetteurs sont cachés au domicile familial. Le radio Hellier et un patriote sortent chaque jour de l’appartement pour changer l’émetteur de place. Un soir, le radio est arrêté, détenu à la citadelle et, sous la torture, dénonce Scamaroni. Avertis de l’arrestation, les habitants du 42, cours Napoléon vident l’appartement de ses armes et du matériel radio. Angèle, la mère de Paul, est torturée mais ne dévoile rien. Son courage et sa contribution à la Résistance lui vaudront à la Libération l’attribution de la Croix de guerre avec étoile de bronze : « Femme corse animée d’un esprit patriotique élevé qui a rendu des services exceptionnels à la cause de la Résistance…. A aidé les chefs clandestins en toutes circonstances, les hébergeant, abritant leur matériel clandestin, les ravitaillant au maquis… ». Paul prend le maquis du côté de Bilzese, dans le Sartenais, chez la famille Nicolaï. Il est condamné à mort par le Tribunal Militaire Italien, ce qui ne l’empêche pas de continuer à descendre en ville avec sa moto équipée de deux postes émetteurs, se mêlant souvent aux troupes italiennes. Lui et trois autres Corses sont obligés de fuir dans des circonstances rocambolesques. Il sont embarqués sur le sous-marin HMS Tribune début avril 1943, à l’embouchure du Travo, vers Solenzara. Il rejoint Alger, puis Londres où il dénonce les collaborateurs sur les ondes de la B.B.C. Il entre au service d’espionnage anglais, le S.O.E. (Spécial Opérations Exécutive) sous le commandement du colonel Buckmaster. Il se marie avec une jeune anglaise, Kay et devient père d’un fils, Jacques.

Paul Pardi et cinq autres Résistants sont déposés sur le sol de France par un bimoteur Hudson qui a décollé d’Angleterre dans la nuit du 15 au 16 novembre 1944. Nom de code de l’opération : « Conjurer ». L’avion atterri plus précisément au lieu dit Soucelle, un terrain de fortune sur la commune de Seiches-sur-le-Loir, entre Angers et La Flèche. Au retour, l’avion devra embarquer pour Londres cinq personnes, dont François Mitterrand. Cette scène – atterrissage, décollage, évacuation – se déroule sous l’œil des agents de la Gestapo, équipés de jumelles et cachés dans les buissons entourant le terrain. Ils sont là parce qu’ils ont été prévenus par… le responsable de l’opération « Conjurer », Henri Dericourt, un air-movement officer chargé des atterrissages et pick-up clandestins ; un traître donc qui avait été « tamponné » par la Gestapo et avait accepté de collaborer avec l’ennemi. Ainsi, les agents débarqués de Londres sont « pris en charge » par le traître Déricourt. Selon Pierre Péan (1), à la gare Montparnasse, Maugent , Menesson et Pardi sont arrêtés par la Gestapo. Malgré les interrogatoires musclés, ces deux derniers resteront muets. Il s’ensuit leur déportation. Après, la trace de Pardi se perd dans le Nacht und Nebel (« nuit et brouillard ») de Dachau.

Après la guerre, le ministère de la Guerre anglais, a adressé une lettre en date de septembre 1946 à Mme PARDI : « Il [Paul Pardi] a été arrêté par l’ennemi, et a été vu en Avril 1944 dans une prison de la Gestapo à Paris, puis à la forteresse de Ravitsch en Silésie où le 19 mai 1944, il a été, pour la dernière fois, vu vivant. Les autorités russes nous ont donné la plus grande assurance qu’aucun prisonnier de guerre ne reste en Russie, ni dans aucun territoire occupé. En dépit de nos recherches, aucune trace du lieutenant PARDI, ni d’aucun de ses camarades emprisonnés à Ravitsch n’a été retrouvée. Dans ces circonstances, en l’absence de nouvelles de votre époux depuis la fin des hostilités, le Ministère de la guerre, avec regret, en est arrivé à la conclusion que votre époux avait perdu la vie. En conséquence, il est officiellement admis que le lieutenant Pardi, G.L. est mort le 19 mai 1944, ou peu après cette date, dans les mains de l’ennemi. »

Gilles Perrault, dans la préface du livre d’Etienne Lovighi Durazzo, considère que Paul Pardi a été « victime d’une vraie félonie : celle du trop célèbre Déricourt. La trahison ne lui laissa aucune chance. A peine venait-il d’être déposé sur le sol de France par l’un de ces appareils opérant en pleine lune que la Gestapo se saisissait de lui ainsi que de quelques autres. Déricourt avait livré l’équipe. Agent double ou triple, faisait-il la part du feu ? On sait aujourd’hui qu’il fut l’instrument conscient d’une extraordinaire manœuvre d’intoxication montée par les services britanniques pour tromper l’ennemi sur le lieu ou la date du débarquement. Si ce fut le cas – et tout le démontre – Paul Pardi et ses malheureux camarades furent sacrifiés à la victoire.

Une plaque devant le 42, cours Napoléon évoque la mémoire du capitaine Pardi et un square à Sartène porte son nom.

A.P. (mise à jour : 05.05.2014)

Sources :
CD-Rom : « Itinéraire de Dix Jeunes Corses en RESISTANCE » 3ème2 du Collège Laetitia Bonaparte Professeur Mlle N. VINCENZI )
Pierre Péan. »Une jeunesse française. François Mitterrand 1934-1947″. Ed. Pluriel
Etienne Lovighi-Durazzo. « Au fil des pages… triste lecture » 1995

 

(1) Pierre Péan. »Une jeunesse française. François Mitterrand 1934-1947″. Ed. Pluriel. p 345

La photo en médaillon nous a été transmise par Monsieur Paul McCue, historien militaire britannique, écrivain et auteur. Travaille actuellement en tant que directeur adjoint à la Local Government Service. Il a publié « Dunsfold. Secret aerodrome’s Most Surrey », « SAS Bulbasket opération » et « Maingard Amédée » (Source Wikipedia)