Né(e) à Sollacaro (France, Corse du Sud(2A)), le 04 Avril 1924 – Décédé(e) à Ronchamp (, Haute-Saône(70)), le 29 sept. 1944
La Corse libérée, Paul Poggionovo s’engage sous l’uniforme.Lors de la campagne d’Italie il aura l’honneur de hisser le drapeau français sur le balcon du Palais Farnese, siège de l’Ambassade de France.
Paul Poggionovo, né à Sollacaro en 1924, il vit et grandit à Sollacaro dans un esprit patriote et républicain. Sa famille est marquée par la Première guerre mondiale à laquelle participe son père et un oncle qui y trouvera la mort. C’est d’ailleurs son grand-père, architecte qui érige le monument aux morts de Sollacaro. A ce patriotisme s’ajoute un profond attachement à la république radicale et à ses bienfaits.
En 1938, toute la famille descend à Ajaccio pour que Paul puisse continuer ses études au Cours Complémentaire à l’exception de son frère Jean, de 2 ans son aîné qui reste au village avec ses grands-parents pour y travailler la terre et nourrir la famillA Ajaccio, son père est recruté comme menuisier à la caserne Battesti.
Pendant la guerre
En novembre 1942, les Italiens occupent la caserne Battesti. Le premier jour de leur installation, Paul se trouve là et, pour se prouver qu’il ne craint pas les envahisseurs fascistes, il sort avec une épée cachée dans la jambe de son pantalon.Paul adhère au Front Patriotique des Jeunes, structure regroupant les jeunes du Front National et organisée par groupe de trois pour assurer l’étanchéité des réseaux. Avec Marcel Mary et François Zampini, il baptise son groupe d’un nom évocateur « Stalingrad » et multiplie les actions en ville.
Ainsi le groupe Stalingrad est cité en exemple pour ses actions de sabotage des lignes de communication de l’ennemi mais aussi pour glisser des tracts en langue maternelle à l’intérieur des véhicules des occupants, pour distribuer également des tracts de la Résistance dans les boîtes aux lettres d’Ajaccio ou dans les files d’attente pour le ravitaillement.. Enfin, il participe aux inscriptions murales avec des pochoirs selon la méthode «Fabienne».
Mais c’est à la Libération que Paul Poggionovo joue un rôle majeur et sort de l’ombre comme en témoigne la désormais célèbre photographie de l’insurrection qui le montre sur le toit d’une ambulance, place des Palmiers, en compagnie de tous les grands dirigeants du Front National pour lancer un appel à la lutte contre l’occupant. Dans la nuit du 8 au 9 septembre 1943, à ses camarades qui occupent les locaux des ligues fascistes (face au palais Lantivy) et jettent les machines à écrire par les fenêtres, il dit : « arrêtez camarades, ces machines vont nous servir, ne faîtes pas comme les canuts de Lyon ». En revanche, il ne dit rien pendant le saccage d’un commerce appartenant à un délateur, près de la Poste.
Après l’insurrection d’Ajaccio, Paul Poggionovo veut participer à la Libération totale de la Corse et à celle de la France. Il s’engage dans les rangs du Bataillon de Choc et porte le brassard blanc à tête de Maure des maquisards. Paul Poggionovo se porte volontaire pour continuer le combat sur le sol national. Comme l’essentiel de la jeunesse corse, il fait ses classes en Afrique du nord, en Tunisie où il y apprend le dur métier de la guerre, son frère aîné, Jean, lui-même est mobilisé en Algérie. Il est incorporé comme 2ème classe voltigeur du Bataillon d’Infanterie de Marine du Pacifique (1ère Division Française Libre), un bataillon prestigieux et cosmopolite.
Au mois d’avril 1944, la 1ère D.F.L. quitte la Tunisie pour l’Italie et le 5 juin le corps expéditionnaire entre à Rome. Le B.I.M.P. a reçu l’ordre de l’Etat-Major de la division d’assurer la garde des bâtiments français dont le Palais Farnèse, siège de l’ambassade de France d’où Mussolini a revendiqué la Corse, Nice et la Savoie. Au premier étage du palais, Paul Poggionovo, dans sa tenue d’été à cartouchières, calot noir, chemise échancrée, hisse le drapeau français. Ce cliché, pris un matin ensoleillé de juin, sera diffusé à travers le monde sans que l’identité de Paul Poggionovo ne soit reconnue. Il faudra la ténacité de son frère Jean pour qu’enfin l’enfant de Sollacaro incarne la revanche des Corses sur Mussolini et que le serment de Bastia soit réaffirmé.
Après l’Italie, ce sera la Provence où Paul Poggionovo touche le sol français le jour de la Saint Roch. Ensuite le Bataillon progresse dans la vallée du Rhône jusqu’à l’Alsace; l’ennemi est acculé de tous côtés, et Paul Poggionovo est toujours à l’avant garde du combat. Malheureusement le 29 septembre 1944, en cherchant à détruire un nid de mitrailleuses allemandes dans les bois de Ronchamp, en Haute-Saône, Paul ne verra pas venir la rafale qui le fauchera. A l’âge de 20 ans, il tombe en héros à quelques mois de la victoire.
Il se distingue des petits, des obscurs, des sans-grade, de ces humbles héros qui ont su trouver au fond d’eux-mêmes des raisons de combattre et de mourir pour la défense de la patrie.
(Extrait du CD-Rom : « Itinéraire de Dix Jeunes Corses en RESISTANCE »
3ème2 du Collège Laetitia Bonaparte Professeur Mlle N. VINCENZI)