Il a été déporté en Italie et fait partie de ces résistants qui sont les oubliés de l’histoire de la Résistance corse. Il ne sera rapatrié à Bastia qu’en avril 1945, presque 1 an et demi après la libération de la Corse.

Il est l’un des cinq enfants (Charles, Jeanne, Pierre, Joseph-Noêl, Marianne) d’Ange Tosi et de Rubina Sanesi, famille établie à Bastia dans le quartier du vieux port. Son père combattant de la guerre 14-18 était sous-officier dans l’armée de terre puis, après la Seconde Guerre mondiale, expert-comptable à la mairie de Bastia.

Sa jeunesse

Dans sa jeunesse Charles Tosi se distingue comme un très bon joueur de football au club de Bastia. Lorsque le 3 septembre 1939 la France entre en guerre auprès du Royaume Uni contre l’Allemagne hitlérienne, il n’a pas encore 16 ans. Comme tout français, il apprend vite la défaite de l’armée française, la signature de l’armistice et l’instauration du régime de Vichy.
En 1941, Il effectue son service militaire en sollicitant un engagement de 5 ans dans la Marine Nationale. Il est quartier maître sur un bateau à Toulon lorsque l’ordre du sabordage de la flotte française est donné le 27 novembre 42. Grâce à un membre de sa famille qui est employé par l’arsenal, il est hébergé et parvient dès lors à regagner la Corse.

Son engagement dans la Résistance

Il retrouve une ile occupée depuis le 11 novembre 1942 par les troupes de Mussolini. Cette occupation le décide en début 1943 à s’engager dans la Résistance avec une équipe de jeunes garçons et filles dont Jean- Baptiste Fusella, pêcheur,  et  Jean Mandrichi.
Il a à peine 19 ans lorsqu’il est chargé de distribuer les tracts d’insoumission à l’occupant dans les boîtes aux lettres à travers la ville. Il prend d’énormes risques pour que la population soit informée. Il est désigné pour déposer un valise d’explosifs devant l’état-major italien parce qu’il est le plus rapide pour s’enfuir. Malheureusement la très forte présence de l’occupant et de sa police politique, l’Ovra, facilite la surveillance et les dénonciations. Il est ainsi arrêté au domicile familial, et emprisonné dans la citadelle de Bastia avec d’autres jeunes.
Il est interné du 3 mai 1943 au 31 juillet 1943. Malgré l’intervention de l’abbé Zattera*, ami de la famille, qui officiait à l’église St Jean (1), il est condamné par le tribunal militaire italien de Bastia à 7 ans de réclusion,

Sa déportation en Italie

Le 1er août il est transféré à l’Ile d’Elbe (en face de Bastia) puis déporté dans la région des Abruzzes à Aquila dans une forteresse (probablement le fort espagnol, appelé Il Castello par les Italiens, construit à partir de 1528 sur ordre de Charles Quint).
Il est très difficile de s’en échapper. Il est pourtant témoin de deux tentatives d’évasion par un saut du haut des remparts dont l’une échoue à cause de la riposte mortelle des gardes italiens contre un évadé, et l’autre évasion réussit malgré une fracture ouverte de la jambe du détenu. Charles Tosi apprendra plus tard qu’un paysan avait pu recueillir rapidement le blessé. Malheureusement cet évadé mourut quelques mois après son retour en Corse. Tosi fera lui aussi deux tentatives mais sera repris à chaque fois
Malgré le débarquement des alliés en Sicile le 10 juillet 1943 (Opération Husky) pour libérer totalement l’Italie, il devra attendre encore deux ans avant d’être définitivement libéré. Si l’armistice est signé par l’Italie avec les alliés le 8 septembre 1943, néanmoins les allemands reprennent l’occupation du nord jusque dans la région du Latium, à l’ouest de celle des Abruzzes.
A la libération totale de la Corse le 4 octobre 1943, Charles Tosi n’est pas présent pour se réjouir de la victoire parmi les siens. Ils ont été 142 à être déportés de Corse en Italie* et détenus soit à l’Ile d’Elbe qui fut un lieu de transit avant que le déportés soient envoyés en Autriche ou en Italie (Aquila, Avezzano, Chieti, et Lanciano).
Le 11 décembre 1943, le Front National de la Résistance à Bastia intervient en faveur du retour des prisonniers. Il fait partie des 102 prisonniers corses qui ne sont pas encore revenus à cette date. Il faudra attendre que la forteresse où il est détenu soit bombardée par l’aviation américaine. Parmi tous les résistants corses détenus il est un des 2 seuls survivants. Il est pour sa part grièvement blessé par un éclat de bombe dans le dos. La Croix Rouge le transfère dans un hôpital à Rome.

Sa libération par les alliés

Il n’est ainsi rapatrié que le 21/O4/45 sur Bastia par un navire anglais qui le dépose sur son passage. Très amaigri, ses amis, ses voisins et sa famille ne le reconnaissent pas à la descente du remorqueur. Un an après Il épouse Marie Thérèse Frangini dont il aura un enfant Noël Joseph. Cependant le Ministère de la Défense lui ordonne quand même de terminer sa période d’engagement par une affectation au Maroc.
De retour, Charles Tosi fera une carrière dans la police nationale (brigadier chef) et sera affecté par la suite à Carpentras. Il décèdera à Carpentras le 8 octobre 1983.

Décorations :  chevalier de la légion d’honneur, médaille militaire, croix de guerre 39-45 avec palme, médaille de la résistance, combattant volontaire de la Résistance, croix du combattant, croix de campagne Algérie-Maroc, médaille d’honneur de la police nationale, médaille des blessés.

Georges PREZIOSI

(à partir des documents et  informations fournies par la famille de Charles Tosi, son fils Noêl Joseph,  sa sœur Jeannette Filippini née Tosi, et sa nièce Marie- Xavière Filippini-Leroy) ,

* 1/Cf livre de Dominique Salini «En ce temps là Bastia…»
* 2/ Cf biographie de Charles Cancellieri
(1)   L’abbé Zattera, connu pour ses idées antifascistes, fut parmi les premières personnes incarcérées dans la caserne Marbeuf, ceci durant 35 jours