Poète, mutilé de la guerre 14-18, résistant dans le 1er réseau bastiais créé par le maire de Bastia Hyacinthe de Montera, du parti radical. (1) et qui sera adossé au réseau Pearl Harbour venu d’Alger.

A peine sorti du lycée, il affine dès 1912, ses talents de poète délicat. Il publie une plaquette « L’étui » saluée par Frédéric Mistral en ces termes : « Ces jeunes essais ont un parfum de Corse, tout rude qu’ils soient parfois, il en jaillit des étincelles ».
Dominique Vecchini est mobilisé pour la guerre 14-18 et fait preuve de bravoure. Il est blessé sur l’Yser en 1915. Il revient en Corse cruellement mutilé. Il est l’auteur à ce sujet de « Blessure et belle humeur » relatant la vie des poilus à l’hôpital.
Après la Grande Guerre, il écrit notamment les «  Adieu, Bastia ». Cet ouvrage fut couronné par l’Académie Française. Pierre Benoit, l’académicien, dira de lui qu’il était « un homme tout ensemble terrible et adorable, une espèce de tyran ». La société des gens de Lettre et la société des Poètes français le récompense aussi. Fondateur du Comité du Vieux Bastia, il devient bibliothécaire de la ville.

A l’avènement, en juin 1940, du «Régime de Vichy» imposé par Pétain, il affirme sa solidarité au Maire de Bastia, Hyacinthe de Montera, qui est destitué de ses fonctions. De là nait son engagement. Il participe dès 1941 avec d’autres personnes dont Sébastien de Casalta, Charles Clément et Laurent Preziosi (pour sa part de février 1941 à juin 1942) aux réunions clandestines organisées par le fils du maire destitué de Bastia, Joseph Louis de Montera, en écoutant Radio Londres, le père, étant très surveillé.

Comme la très grande majorité de la population, il ne tolère pas l’occupation fasciste italienne le 11 novembre 1942. Toutefois il ne sait pas encore quelles formes de lutte mener face à un adversaire dont l’effectif représente la moitié de la population corse. Cette opportunité va lui être donnée en décembre 1942. Hyacinthe de Montera l’informe de l’arrivée de quatre agents du réseau Pearl Harbour envoyés en Corse par les services spéciaux d’Alger  pour créer des réseaux de résistance, obtenir l’accord des réseaux existants en vue de préparer un débarquement et d’approvisionner en armes ces réseaux.
Il participe ainsi à la première réunion de résistance le 20 décembre 1942 dans l’appartement d’Hyacinthe de Montera avec d’autres bastiais, acquis à ces idées (notamment Charles Clément, Antoine Simonpaoli, Dominique Casanova, Sébastien de Casalta, Joseph Louis de Montera et Laurent Preziosi, un des agents venu d’Alger). Les autres agents de la mission Peral Harbour (Roger de Saule, Toussaint et Pierre Griffi), arrivés quelques jours plus tard à Bastia, sont hébergés et permettront de décider de l’organisation à mettre en  place. Dominique Vecchini devient ainsi un des agents de liaison. Il met à profit ses réseaux d’information professionnelle. Il est à ce moment là le correspondant de l’agence Reuters. Malheureusement, son activité de résistance est découverte quelques mois plus tard. Il est interné par ordre du Général, commandant les carabiniers italiens, avec la complicité du gouvernement de Vichy. Il est ensuite déporté en Italie (2).

Après-guerre, il retrouvera ses fonctions de bibliothécaire et deviendra aussi archiviste de la ville de Bastia. « Des générations de potaches lui ont rendu visite dans son antre poussiéreux et sombre, la bibliothèque municipale, pour copier furtivement la traduction d’un classique latin. ils se souviennent toujours, avec une tendresse amusée, des trouvailles qu’on lui attribuait, de son visage anguleux d’intellectuel trotskiste et sa silhouette cassée. Avec un  petit cercle d’amis, il se rendait volontiers rue Capanelle, dans l’atelier de Jean-Mathieu Pekle (3)

Dominique Vecchini était Chevalier de la Légion d’Honneur, titulaire de la médaille militaire et de la croix de guerre. Il était également officier d’Académie et de l’Instruction Publique.

Georges PREZIOSI

Ce texte a été rédigé à partir d’un article paru en 1947 dans une revue appelée «  Le Cri de la Corse, organe de liaison entre les Corses de l’Ile, de la Métropole et de l’Union Française »  et du livre « 1ère mission en Corse Occupée».(ED T. Griffi et L. Preziosi. Ed. L’Harmattan. 1988

(1) Le parti radical en ce temps-là était celui des républicains de gauche. Durant la 4ème et 5ème république il  évolue vers le centre et une scission s’opère à partir de laquelle naît le Parti radical de gauche.
(2) Le lieu d’internement nous est encore inconnu.
(3) Extrait de « Bastia, regards sur son passé. Ed. Berger-Levrault. 1983. P. 267