Le 10 juillet, ont été célébrées les obsèques de Charles Grisoni, décédé deux jours auparavant. Avant la traditionnelle messe, sa famille, ses amis et tous ceux qui étaient venus pour dire adieu au défunt, étaient rassemblés pour l’hommage des Anciens Combattants à celui qui étaient un des leurs.
En présence des porte-drapeaux, c’est le président Raoul Pioli qui a prononcé l’éloge funèbre de Charles Grisoni. S’adressant à la famille, il a dit partager leur chagrin et les assurer du soutien du monde combattant dans cette épreuve. Puis il a retracé le parcours d’une vie, familiale, professionnelle, militaire et citoyenne bien accomplie. « Une vie pleine d’aventures, une vie digne d’un vrai roman, où la fiction cède la place à la réalité incontestable et captivante ».
« Le premier chapitre s’écrit à Ajaccio », où il nait en 1923 et y fait ses études. A l’automne 1943, quand la Corse est libérée, son bac en poche, commence le deuxième chapitre de sa vie, celui de sa carrière militaire. Il part pour Alger comme 12 000 compatriotes afin de suivre sa formation. Il refuse celle d’officier qu’on lui propose, tant il a hâte de combattre l’occupant. Son baptême du feu, c’est pour le débarquement de Provence, le 15 août 1944. Et « commence alors la chevauchée victorieuse » qui le mènera de la Méditerranée à l’Allemagne en passant par les Vosges et l’Alsace. Ses faits d’armes lui vaudront « une élogieuse citation à l’ordre de l’armée ave concession de la Médaille militaire […]. Avoir sur la poitrine la Médaille militaire et la croix de guerre avec palme à 22 ans, inspire un respect incontestable » poursuit Raoul Pioli. Mais, une blessure à la tête par un éclat d’obus met fin à sa courte mais glorieuse carrière militaire.
S’ouvre alors le troisième chapitre du roman, « le plus important et le plus dense [qui] traite de [sa] vie professionnelle. Il se déroule en très grande partie en Afrique Noire, au Gabon, et en Corse », après qu’il ait repris ses études et obtenu son diplôme d’ingénieur agronome.
A la fin de sa carrière professionnelle, commence le quatrième chapitre qui « peut s’exprimer en deux mots : se mettre au service des autres ». Ainsi, il sera maire de Balogna de 1983 à 1995. Mais pas seulement : « toujours marqué par le souvenir de la guerre, c’est avec cœur [qu’il s’investira] au sein du monde combattant local. […] L’incontournable élément moteur de l’association Rhin et Danube de la Corse-du-Sud pendant 25 ans n’a jamais « cessé de témoigner de [son] engagement patriotique auprès de jeunes générations dans le cadre du devoir de mémoire ». On lui doit aussi « L’édification de deux stèles qui encadrent le Monument aux Morts d’Ajaccio, dédiées au Bataillon de Choc et au maréchal De LATTRE DE TASSIGNY […] ». Deux distinctions de la Nation viendront couronner ce parcours exemplaire : il sera fait officier de l’ordre national du mérite en 1990 et officier de la Légion d’honneur.
Pour conclure son éloge funèbre, Raoul Pioli s’adresse une dernière fois à la famille du défunt : «Puissiez-vous puiser, dans le souvenir de son étonnant parcours, les raisons de conserver sa mémoire et, pour les plus jeunes, de suivre ses traces ». Et il dit une dernière fois la reconnaissance du monde combattant : « Président Charles Antoine GRISONI, les anciens combattants, recueillis, et en deuil, vous saluent une dernière fois. Ils ne vous oublieront jamais. Tous, ici, nous vous disons Adieu. »