Ajaccio, été 1943. Après Pierre Griffi, le 18 août, c’est au tour de Michel Bozzi et Jean Nicoli, le 30 août 1943, d’être fusillés par l’occupant fasciste. A quelques semaine près, ils n’auront pas eu le bonheur de vivre la liesse populaire qui fut celle de la libération de l’île. Au gymnase Michel Bozzi et rue Solférino où fut arrêté Jean Nicoli, étaient organisées les cérémonies commémorant l’anniversaire de leur mort. Pour Michel Bozzi, lecture a été faite d’une allocution de Mme Selles, sa fille aujourd’hui décédée. Elle nous avait lu en 2016 l’émouvant témoignage – un immense chagrin, encore intact – de la petite fille qu’elle était en 1943 : « N’oublions jamais ce sacrifice, qui laissait dans la peine leurs familles, leurs épouses, leurs enfants. Il avait 33 ans. Je n’avais que 9 ans. » « Que notre jeunesse et toutes les générations à venir n’oublient jamais le travail, l’endurance, le dévouement de ces hommes et de ces femmes dont Michel Bozzi et Jean Nicoli font partie, ainsi que leur courage, allant jusqu’à donner leur vie pour leur Corse tant aimée, « premier morceau de France » à avoir été libéré, le 9 septembre 1943 ».
Pour la cérémonie de Jean Nicoli, il revenait à Juliette Alesandri, au nom de l’ ANACR 2A, de rendre hommage à cette figure emblématique de la Résistance insulaire. Elle rappelle les thèses avant-gardistes de l’instituteur d’avant guerre en Afrique et la clairvoyance du citoyen aussi: « Dans le domaine de l’écologie, dit Juliette Alesandri, Jean est également visionnaire, et, sur ces terres arides, il plante des arbres.Très vite, il est conscient des dérives de l’administration coloniale et soutient les revendications des peuples car ce n’est pas là l’idée qu’il a de la république. L’exemple de Jean Nicoli doit rester vivant !Il nous est indispensable pour nous donner la force de préserver un monde juste, combattant l’intolérance et l’individualisme forcenés de notre société, les conflits meurtriers dictés par des intérêts, les dictatures et régimes d’apartheid, le refus d’accueillir l’autre, la xénophobie, le racisme, l’antisémitisme, les discriminations quelles qu’elles soient et autres fléaux de ce monde. »