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Actualités Un dernier adieu à Jacqueline Wroblewski

15 décembre 2024
Jacqueline Wroblewski

Jeudi 12 décembre, les cendres de Jacqueline Wroblewski ont été ramenées de Paris pour y être déposées au cimetière de Casalabriva, au côté de celles de René, son époux. Si un hommage lui avait été rendu un mois auparavant à Paris où elle est décédée, une cérémonie s’imposait aussi dans son village natal. Devant les habitants du village et de nombreux amis et camarades de Jacqueline, en présence de Mr Vergellati, le directeur de la section de Corse-du-Sud de l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre, tour à tour ont pris la parole Mickael, son petit-fils, Mr Jean Alesandri de l’association France-Palestine, Antoine Poletti de l’ANACR 2A et Paul-Antoine Luciani du Parti Communiste.

Entouré des porte-drapeaux, chacun, respectivement lui a rendu hommage : Mickaël pour dire la peine et l’affection de la famille – lui, très proche, son admiration ; Jean Alesandri pour saluer celle qui fut une des toutes premières adhérentes de l’association France-Palestine en Corse; Antoine Poletti pour remercier la jeune résistante qu’elle fut d’avoir accepté, dix ans durant, d’œuvrer pour la mémoire de la Résistance et ses valeurs, en qualité de présidente de l’ANACR 2A ; Paul-Antoine Luciani pour souligner la fidélité à un engagement jamais démenti à son parti et au souvenir de la Résistance : « Cette mission mémorielle, d’intérêt public, elle l’a accomplie jusqu’au bout de ses forces. C’est en reconnaissance de son dévouement patriotique et de son parcours de vie exemplaire qu’elle avait été décorée de la Légion d’honneur, par le Président de la République, en 2013, à l’occasion du soixante-dixième anniversaire de la libération de la Corse. »

ALLOCUTION DE L’ ANACR 2A
jacqueline Wroblewski
Jacqueline Wroblewski_1

Au décès de notre président Jérôme Santarelli en 2012, quand il fallut assurer sa succession, nous avons naturellement sollicité Jacqueline. Elle accepta, non sans hésitation, cette responsabilité tant elle savait l’estime du monde combattant dont jouissait son prédécesseur, celui qui fut capitaine FFI, le compagnon de Jean Nicoli, arrêté avec lui le 27 juin 1943. Elle accepta donc cette succession en toute modestie, elle qui n’était qu’une adolescente, durant l’occupation de la Corse. Jacqueline, en effet, était de celles et ceux qu’on qualifie de « petites mains » ; cette résistance civile moins héroïsante mais qui a entouré la résistance militaire d’une aire de bienveillance. Plus encore, d’une aire de complicité vitale pour les maquisards.

C’est en affaiblir sa nature, en diminuer sa portée, que de la réduire à la seule résistance armée. « … la Résistance fut un processus social, qui n’a pu exister, vivre et se développer que dans la dynamique des liens tissés avec la société et en son sein ». Et dans cette résistance civile, les femmes trop oubliées par l’histoire alors que c’est grâce à elles que « la Résistance a pu gagner en extension et en profondeur. » faisait remarquer Lucie Aubrac. Pour s’en convaincre, il suffit d’être attentif aux témoignages des patriotes qui étaient au maquis. Ils sont nombreux leurs témoignages de gratitude ; eux n’avaient pas oublié, en dépit des silences de l’histoire.

Jacqueline avait plaisir à évoquer ses souvenirs d’adolescente quand, à l’occasion, elle « prenait le maquis », pour porter aux clandestins vivres, vêtements, messages de la Résistance, nouvelles des familles, bref, tout ce qui pouvait améliorer leur quotidien, leur donner réconfort et courage. Sachant la forte présence militaire italienne dans ce haut-lieu de la résistance insulaire, ce n’était pas sans risques. Elle aimait raconter aussi cette atmosphère du Paris d’après-guerre où elle vivait dorénavant ; l’après-guerre, « des lendemains qui chantent » du poète Aragon, dans la promesse des « jours heureux » du programme du Conseil National de la Résistance ; l’après-guerre, dans le souvenir aussi des héros et martyrs de la Résistance – Danièle Casanova au Pinacle ; un souvenir qu’elle portait pieusement avec ses camarades de l’Union des Femmes Françaises et du Parti communiste.

Elle avait accepté cette présidence de notre association en souvenir de ses camarades et par fidélité aux idéaux de la Résistance. Mais pas seulement … pour prévenir aussi d’une possible et désespérante répétition du passé ; une menace qui peut renaître « …plus redoutable que jamais » avait pronostiqué le général de Gaulle. Voilà les raisons qui l’avait convaincue d’accepter cette responsabilité, comme obéissant à une injonction de sa conscience. Nous lui en sommes reconnaissants.

ADIEU Jacqueline

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