La Légion Française des Combattants et Volontaires de la Révolution Nationale est organisée depuis le 6 novembre 1941. Elle se partage en 2 comités : La Légion du Golo et la Légion du Liamone. Le chef en est le Colonel Mondielli, le 1er chef-adjoint d’Ornano et le 2ème Vittini. La Légion se donne pour objectif d’être fidèle au Maréchal Pétain et de diffuser l’idéologie vichyste. Devant le succès du journal « Le Légionnaire » qui donne une page aux activités de Corse, une « Voix légionnaire de la Corse » est finalement publiée au printemps 1943.
La distribution de tracts n’est toujours pas acceptée par la population ni par le commissariat de police : un télégramme de Vichy rappelle des instructions formelles pour diffuser par tous les moyens « La Légion du Maréchal, pilier de la France ». La saisie à Vizzavona de la voiture de la Légion par les autorités italiennes crée un incident. La Légion rappelle « qu’elle remplit un service officiel qui ne doit porter aucun ombrage aux troupes d’opération, bien au contraire ».
Depuis mai 1943, la Légion des Combattants et en sommeil : 1478 légionnaires se sont radiés dans le comité du nord. La désaffection vis-à-vis du gouvernement de Vichy, le sentiment anti-italien et l’hostilité à toute idée de collaboration en sont les causes. Cependant, le Colonel Mondielli dénonce au Préfet des actes de sabotage et la diffusion à Ile-Rousse de « listes nominatives injurieuses pour certaines personnes de la ville ». Il est lui-même menacé de mort. L’instruction semble ne pas avancer et les plaintes sont adressées devant les carabiniers italiens parce que les plaignants n’ont plus confiance dans la Justice française.
Le Parti Populaire Français [NDLR : dirigé par Jacques Doriot] et son organe de Jeunesse U.P.J.F. s’inscrit d’emblée dans la collaboration policière. Un groupe « collaboration » a le même secrétaire général et recrute au P.P.F. Les « papillons » diffusent l’idéologie anticommuniste, antisémite et pronazie : « L’axe vaincra, l’Europe vaincra ». On propose une Légion impériale pour reconquérir l’Empire colonial [N.D.L.R. passé à la France Libre]. La population est majoritairement hostile à cette activité de la Légion, surtout depuis l’occupation de l’île en novembre 1942. Elle le montre en refusant des tracts, voire en s’attaquant aux protagonistes (notamment à Corte). Avec l’arrivée des Allemands dans l’île, en juin 1943, des contacts nombreux sont pris par la Légion. Certains légionnaires entretiennent des relations très cordiales.
L’idéologie vichyste est antisémite. L’application de la loi du 3 octobre 1940 sur le statut des juifs entraine une déclaration sur la foi du serment pour tous les fonctionnaires y compris le Préfet. Les manifestations antisémites organisées par le P.P.F. et l’U.J.P.F. ne vont pas jusqu’à l’élaboration d’un fichier, ni l’arrestation des Juifs en Corse(1). La loi du 11 décembre 1942 qui oblige la présentation à la gendarmerie de la mention « Juif » sur la carte d’identité n’est pas appliquée. La Corse voit de ce fait quelques Israélites aisés : on parle d’invasion dans les milieux du P.P.F. Des arrestations sont opérées par les troupes d’occupation ; 57 chefs de famille de la région bastiaise sont consignés à Asco, village du centre de la Corse, l’été 1943 jusqu’à la libération de l’île.
Evelyne Torre