Témoignage de François Geronimi
enregistré par M. Santoni en octobre 2000
Le signal du soulèvement qui aboutira à la libération totale de l’île avait été donné dès le 8 septembre 1943, par l’annonce de la capitulation italienne. A 10 heures les patriotes font leur entrée dans Ajaccio au chant de la Marseillaise ; leurs rangs aussitôt grossis par une véritable marée humaine en proie à une intense ferveur patriotique. C’est une forêt de drapeaux alliés qui se dirige vers le monument aux Morts tandis que des fenêtres sont lancées des poignées de fleurs et de poignées de riz.
Par le cours Napoléon, « la masse énorme et joyeuse » selon le premier numéro non clandestin du Patriote, gagne la préfecture où pénètre la délégation du Front national.
Maurice Choury, au nom du comité départemental, expose la volonté des patriotes de prendre en main les leviers de commande, devant le préfet Pelletier, mis en place par Vichy en août. Celui-ci ne peut qu’entériner, par arrêté préfectoral, la constitution du conseil de préfecture composé des cinq membres du comité départemental : Arthur Giovoni, Henri Maillot, François Vittori, Maurice Choury et sous le pseudonyme de Paul Cesari, la commandant Colonna d’Istria, chef de la mission militaire du Comité Français de Libération Nationale. (CFLN)
Corsican Free French
Un nouveau conseil municipal, également, a été constitué, dont la composition est annoncée aux Ajacciens par un discours de Maurice Choury devant la mairie. Dans une ambiance de liesse populaire sera proclamé le lendemain le ralliement de la Corse au CFLN.
(…) La Corse enfin libérée (NDLR : le 4 octobre), la population peut désormais donner libre cours à l’expression de sa joie et de sa ferveur patriotique. Celle-ci atteint son paroxysme le 30 novembre 1943, jour anniversaire de la proclamation par l’Assemblée constituante du rattachement volontaire de l’île à la France. Ce jour-là, en effet, toute la Corse est en fête. Les travailleurs ont reçu congé, à l’exception de ceux qui travaillent directement pour la Défense nationale. Les cérémonies ont commencé, le matin, par une salve de 21 coups de canon de marine, tandis qu’aux fenêtres apparaissent les drapeaux tricolores et les écussons à croix de Lorraine. A Ajaccio des cortèges parcourent la ville, munis de torches et de flambeaux, derrière la musique des tirailleurs marocains. (…).
En présence des autorités civiles et militaires un arbre anniversaire est planté sur la place. Un cortège officiel se rend au monument aux Morts, tandis qu’un détachement d’éclaireurs-skieurs plante le pavillon tricolore au sommet le plus élevé de l’île, le Monte Cinto.
Gén. Gambiez. Libération de la Corse(Hachette littérature) 1973. p. 259-260