Né(e) à Tunis (Tunisie, ), le 23 Aout 1915 – Décédé(e) à Bastia (France, Haute-Corse(2B)), le 30 août 1943
Ce militaire en poste à Tunis est recruté pour aller en mission en Corse en qualité de radio. Il est débarqué, début 1943, près de Solenzara par le sous-marin Casabianca. Il est pris en charge par le réseau Pearl Harbour. Il est arrêté le 19 juin 1943 et fusillé le 30 août suivant à Bastia.
Il est le fils de Luigi Joseph, « propriétaire » (selon la terme de l’acte de naissance) et de Lannay Marie-Louise.
Il s’engage dans la Marine Nationale le 18 août 1933. Il fait campagne en Indochine sur le croiseur Lamotte Piquet. En 1935, il obtient le grade de quartier maître radio. A son retour en Tunisie, il est incorporé au Groupe Contrôle Radio (GCR). En 1940, il épouse Lucienne Berillon, institutrice, dont il aura un fille, Nicole.
Quelques jours avant l’occupation allemande de la Tunisie, fin 1942, le GCR auquel il appartient quitte Tunis pour Aïn Drahan, au nord de la Tunisie, près de la frontière algérienne, passé sous contrôle des Alliés depuis début novembre. Leurs services secrets recrutent des agents pour des missions clandestines dans les zones occupées par l’ennemi. Joseph Luigi est de ceux-là. Il est recruté par le S.O.E. des Britanniques qui l’élèvera au grade de lieutenant.
Il est envoyé en Corse à bord du sous-marin Casabianca. Nous sommes au début de mars 1943. Le commandant l’Herminier relate dans ses mémoires que la sous-marin doit débarquer des agents en Corse dont il ne cite jamais leur nom. En fait, il s’agit de Joseph Luigi et Jean-Etienne Lefèvre. « Ils doivent y renforcer les Organisations du mouvement « Combat ». Ils nous sont présentés avec un luxe de précautions indispensable, la veille du départ, sur une vedette rapide anglaise qui nous accoste tout naturellement pour une visite d’amitié. L’ état-major va y prendre ‘un pot’ sans éveiller de soupçons. […] Les agents rallieront le Casabianca le lendemain avant l’heure de l’appareillage. Comme les fois précédentes, à l’exception du commandant en chef de la mission et d’un opérateur radio, ils sont Corses. » 1Casabianca. Commandant l’Herminer. Ed France-Empire . PP 173, 175.
10 mars. Le Casabianca s’approche de la côte corse, à quelques kilomètres au sud de Solenzara. Peu avant minuit, il se positionne dans l’anse de Canella. C’est Paul Cinquini, avec sa barque de pêcheur qui fait la liaison entre la côte et le sous-marin positionné à deux milles au large. Sept hommes montent à bord : deux agents de Pearl Harbour « grillés », Laurent Preziosi et Toussaint Griffi, ainsi que cinq marins laissés à terre lors des précédents débarquement. Deux hommes, en retour, montent à bord de la barque pour rejoindre la côte . « deux Corses de l’Unité commando du Corps franc français, qui [ont] été envoyés avec six millions de francs, des armes et des munitions pour préparer la phase insurrectionnelle de la Résistance »2Flottilles secrètes en Méditerranée. Sir Brooks Richards. MDV éditions. pp 865, 935. Joseph Luigi et Jean Etienne Lefèvre sont pris en charge par Pearl Harbour. De Saule affirme n’avoir pas été averti du débarquement de Luigi : « Je ne sais quelle est l’autorité qui l’a envoyé, n’ayant pas été avisé de ce débarquement clandestin. Je l’ai pris en charge dans mon réseau pendant quelques semaines. L’intéressé est passé ensuite sous les ordres du colonel Paulin Colonna d’Istria, chargé d’une « mission action ». C’est sous le commandement de ce dernier que l’intéressé a travaillé ensuite3 Attestation de De Saule du mois du 28 juin 1948 dans une lettre adressée au Directeur du personnel militaire de l’Armée de Terre FFCI. .
Joseph Luigi après un séjour dans la région bastiaise, opère dans la région de Casalabriva et du Valinco. Il est arrêté le surlendemain de la fusillade de la Brasserie nouvelle d’Ajaccio, après qu’un certain Versini se soit vengé en tuant au couteau un militaire italien dans la région de Sollacaro. Selon le Tribunal militaire italien réuni le 28.08.1943, Luigi4orthografié avec GG sur les actes du tribunal « était là lorsque Versini […] avait assassiné ce soldat du génie ». Luigi sera exécuté le 30 août à Bastia en même temps que Jean Nicoli et Michel Bozzi. Il est déclaré « Mort pour la France »
Nicole Fradet (née Luigi, sa fille) et Antoine Poletti