Chargement...

 

Archives : éditoriaux Mémoires. Comparaison n’est pas raison.

30 septembre 2014
Depuis le 22 août dernier, une stèle commémore les affrontements des forces de l’ordre et des autonomistes qui avaient investi, à Aléria, la cave vinicole d’un escroc pied-noir « couvert » par l’Etat. Cette stèle à peine dévoilée a été vandalisée -par qui et pourquoi ? – soulevant l’indignation de ceux qui l’avaient inaugurée, et par-delà, ceux qui partagent leurs idées ; on ne peut que réprouver cet acte clandestin – quoiqu’on pense de ce qui est advenu à Aléria. Le journaliste de Corse-Matin* s’en émeut. Soit! Mais c’est son commentaire qui nous interpelle

 

« Viendrait-il à l’idée de quiconque de détruire un monument aux morts par exemple, dressé à la mémoire de celles et ceux qui ont donné leur vie pour défendre la liberté face au nazisme et au fascisme », s’interroge-t-il ?
Disons d’emblée qu’il y a eu déjà plusieurs profanations de stèles ou monuments à la gloire de Résistants : Jean Nicoli par exemple ; l’ANACR 2A les a toujours condamnées. En 2009, il y eut la profanation de la stèle du tunnel de Bacinu qui suscita une manifestation et  une condamnation quasi unanime. « Quasi » parce que l’acte était signé FLNC et réduisait au silence tous ceux qui gravitaient autour. Il y eut même le plasticage du président de l’ANACR 2A, Jérôme Santarelli, capitaine FFI. Alors, les profanations auxquelles se livrent la nuit les clandestins, voilà le seul rapprochement qu’on puisse s’autoriser entre la mémoire d’Aléria 1975 et celle de la Résistance. Pour le reste, non!

Le reste. S’il faut louer le journaliste de tenir en si haute estime la Résistance, au point d’en faire une référence, on ne peut pas ne pas relever que le lien entre « le référent » -la Résistance- et « l’objet référé » – ce qui s’est passé à Aléria en 1975 – est déplacé ; il y a d’autres arguments, légitimes ceux-là, à faire valoir, pour dénoncer ce vandalisme. Il n’est pas utile, ingénument, de s’auréoler des lauriers de la Résistance pour défendre sa cause; on le constate souvent et pas en Corse seulement, à propos du programme du Conseil National de la Résistance, ou pire, pour justifier le terrorisme. La Résistance, qu’on le veuille ou non, s’en trouve galvaudée, dénaturée parfois. A l’invoquer à tout propos et hors de propos, on risque l’imposture; dans certaines têtes chaudes, elle est retournée comme un gant et mène au crime, tels les assassins du préfet Erignac qui campant dans la posture du Résistant, ont affublé le représentant de l’Etat de la tenue des SS : Erignac, Barbie, même combat !

S’il fallait se convaincre que la France de 1975, pas plus que celle 2014, ne ressemble à celle de Pétain – à plus forte raison à l’Allemagne nazie ou à l’Italie fasciste -, le constat qu’Edmond Siméoni puisse inaugurer cette stèle presque quarante ans plus tard alors qu’il y a eut mort d’hommes (deux gendarmes tués), en dit assez pour ne pas faire d’amalgame. Pour bien moins que ça, combien de Résistants n’ont pas eu le bonheur d’échapper aux griffes de l’OVRA et aux condamnations à mort du Tribunal militaire italien ! Tant mieux pour Edmond Siméoni et ses amis ! Tant mieux pour la démocratie. Tant mieux pour  la France !

Antoine POLETTI

 

*Corse-matin 21 septembre 2014

Copyright ANACR 2A 2020   |   Administration

Site de l'ANACR 2B | Site du Musée de Zonza