Il y a bientôt 80 ans, le 6 février 1934, dans une France en profonde crise économique, sociale, politique et morale, les ligues factieuses tentaient de prendre d’assaut le Palais-Bourbon, et une presse d’extrême-droite – parfois relayée par des politiciens de droite – suscitait et attisait une hostilité contre les institutions démocratiques de la République, baptisée «la gueuse», s’en prenait aux hommes politiques républicains, aux Juifs auxquels une campagne antisémite haineuse attribuait tous les maux, aux immigrés souvent qualifiés de «métèques», accusés de propager des maladies, d’être des délinquants voire des criminels en puissance, de prendre le travail des Français et de «manger leur pain»… On sait ce à quoi ces discours et invectives ont conduit dans notre pays quelques années plus tard…
Dans un contexte historique certes différent, mais dans lequel s’accumulent les déceptions d’espérances, les frustrations collectives, les précarisations de la vie, les exclusions de toutes sortes, certains n’hésitent pas à renouer aujourd’hui avec les discours liberticides, xénophobes et racistes d’hier, stigmatisant les Roms, les Arabes, les Africains, les immigrés en général, les minorités religieuses ou sexuelles, à s’en prendre aux symboles de la République que sont les édifices et biens publics, aux élus, à un membre du gouvernement pour la couleur de sa peau et au Chef de l’Etat, alors même qu’il rend hommage, au nom de la Nation, le 11 novembre, à Paris et à Oyonnax, à ceux qui sont tombés lors de la 1ère Guerre mondiale, à celles et ceux qui se sont levés contre l’occupant nazi et ses complices pour libérer la France et y rétablir les libertés démocratiques.
C’est là une atmosphère délétère particulièrement dangereuse et qui appelle à une vigilance sans concessions, qui nécessite de s’opposer à toutes les résurgences contemporaines d’idéologies dont l’Histoire a dramatiquement concrétisé l’aboutissement criminel que potentiellement elles portaient, de dénoncer toutes complaisances et compromissions avec elles.
La «bête immonde» du racisme et du fascisme est hélas encore vivante, la terrasser avant qu’elle ne puisse férocement mordre à nouveau est une nécessité. En passant aux générations contemporaines la mémoire de ce que furent les crimes du fascisme, avant qu’il accède au pouvoir et après qu’il y fut, et celle de la lutte que menèrent pour s’y opposer les antifascistes et Résistants de notre pays, notre Association entend par là-même prendre toute sa part à ce combat démocratique.
ANACR