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Archives : éditoriaux 11èmes Rencontres Cinéma Histoire

7 mars 2012
C’est du 2 au 5 avril prochain que l’ANACR 2A organise les 11èmes Rencontres Cinéma Histoire (R.C.H.). A Ajaccio, à l’Espace Diamant et à Porticcio, au centre de vacances de la CCAS. En voici une présentation ci-après avec entre parenthèses, les films programmés. Tous les films seront commentés par des invités – historiens, philosophes, réalisateurs, acteurs et témoins de cette époque – dont on trouvera la liste et une courte présentation ultérieurement sur notre site et le blog des R.C.H.

Ce n’est pas céder à la facilité, en jouant sur l’émotion du public, que montrer les crimes atroces perpétrés par les nazis et fascistes, surtout quand ils sont commis sur des enfants : Anne Frank – () – parce qu’elle était juive, et sur les enfants d’Oradour-sur-Glane –un tiers des 642 morts- parce que la soldatesque, se sachant perdue, elle s’adonne dans une dernière orgie macabre à l’ivresse du sang (Une vie avec Oradour)
Non, il ne s’agit pas seulement d’émouvoir mais surtout savoir ce qui fut et comprendre comment cela fut possible (La vague et Hanna K). Pas seulement pour satisfaire notre curiosité intellectuelle mais bien pour contribuer à la citoyenneté, celle des jeunes surtout ; parce que, attention prévient Georges Bensoussan : « penser que le nazisme est une question d’histoire déconnectée du présent, ce serait ne pas entendre le potentiel barbare de nos sociétés massifiées ». (1)
Pour nos Rencontres Cinéma Histoire, le lien présent-passé, nous en avons l’opportunité avec l’actualité grecque. Plus précisément la mort accidentelle, le 24 janvier à Athènes, du grand réalisateur Théo Angelopoulos. On lui doit une fresque magistrale sur une page d’histoire de son pays et de sa (ses) Résistance (s), de 1939 à 1952, de la dictature de Metaxas au gouvernement conservateur de Papagos (Le voyage des comédiens). Une histoire tragique parce que la barbarie nazie s’y déchaîna (300.000 morts de faim pour le seul hiver 1942-1943). Et comme pour son malheur la Grèce était située près de la ligne de partage des accords de Yalta, Staline avec Roosevelt et Churchill eurent la tâche facile pour jouer sur les divisions internes de la Résistance –y compris entre communistes- pour imposer le nouvel ordre mondial et un gouvernement docile, privant ainsi la Résistance grecque de ses espoirs de liberté et justice sociale pour lesquelles elle avait tant lutté. Pire : après l’occupant nazi, c’est l’occupant anglais qui s’installe pour mâter l’insurrection communiste et faire cesser la guerre civile qui dura jusqu’en 1949.
Quelques mois avant sa mort, au regard de la crise que vivent actuellement ses compatriotes, Théo Angelopoulos faisait ce constat amer : « La situation est terrible. Tout ce pour quoi nous nous sommes battus ne s’est pas réalisé. La crise économique de mon pays me laisse sans voix. L’Europe était un rêve qui s’est effondré rapidement » (2). L’Europe, une belle utopie dans les rêves des Résistants de tous les pays. Une Europe progressiste, solidaire et fraternelle qui se construirait en creux, contre celle que le Führer voulait à sa botte, nazifiée. Une Europe dont les Brigades Internationales étaient l’avant-garde, eux qui étaient accourus de tous les pays pour sauver la République espagnole, celle de Jorge Semprun (La guerre est finie). Et la Corse y apporta sa contribution (Les Corses dans les Brigades internationales). L’Europe utopique, de l’Atlantique à l’Oural. Incluant même (La petite Russie) de France !!!
L’Europe d’aujourd’hui ? une utopie blessée livrée aux appétits de la finance. Pas du tout celle que voulait le Conseil National de la Résistance. Mais il ne faut pas désespérer parce que comme disait Marc Bloch : « (…) c’est à force d’utopie que la réalité enfin paraît. Quoi de plus utopique que l’idée d’organiser, dans un pays asservi et jeté au plus bas, un vain sursaut de révolte en un vaste réseau de volontés ? C’est pourtant ainsi que la Résistance a fini par voir le jour. Quoi de plus utopique que le Maquis, folie héroïque mais folie de jeunesse ? Et voilà que le Maquis se fait réel à force de foi. Il existe. Il entre en facteur dans la construction de l’avenir ». (3)
Belle leçon d’optimisme !

  1. « Philosophie Magazine », n° hors-série. G. Bensoussan est rédacteur en chef de la Revue d’histoire de la Shoah et responsable éditorial au Mémorial de la Shoah
  1. Le Monde 31.01.2012
  1. Marc Bloch, Historien, Résistant, assassiné par les Allemands le 16 juin 1944. Dans « Marc Bloch, L’histoire, la Guerre, la Résistance ». Ed. Quarto Gallimard. P. 802

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