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Archives : éditoriaux VALEURS DE LA RESISTANCE, VALEURS DE LA REPUBLIQUE

4 septembre 2010
Ce mot d’ordre était inscrit il y a 8 ans au fronton du congrès national que l’ANACR tenait à Nevers du 25 au 27 octobre 2002. Il traduisait une réalité historique : les références à la Révolution française, à la République et à leurs valeurs furent une constante de la Résistance : Combien de compagnies FFI/FTP s’appelèrent-elles Bara, Marceau, Kléber, Marat, Danton, Robespierre, la Marseillaise… ? Un important mouvement de Résistance s’appela «Valmy», des journaux clandestins reprirent des titres de journaux de l’époque révolutionnaire tel, à Lyon, le Père Duchesne… Il traduisait aussi la fidélité de la Résistance et des Résistants à la République et à la démocratie, que le 10 juillet 1940, obtenant les pleins pouvoirs d’un parlement à l’effectif incomplet et sous la menace, Pétain avait assassinées en instaurant le régime de l’Etat français dont il s’autoproclama le chef. Enfin et surtout, les valeurs de la République, que synthétise magnifiquement sa devise – Liberté, égalité, fraternité – furent l’âme et le sens du combat des Résistants pendant près de 4 ans, alors même qu’elles étaient bafouées par l’occupant et ses complices.

 

« Liberté, Egalité, Fraternité », l’âme et le sens du combat des Résistants

Après avoir adopté le 26 août 1789 la Déclaration universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen proclamant que «tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits», l’Assemblée constituante accorde en avril 1790 la nationalité française aux étrangers demeurant en France depuis cinq ans et disposant de quelque avoir. La Constitution de 1791, accorde la nationalité française à un étranger, à la seule condition qu’il fixe son domicile en France et prête le serment civique. La Constitution de l’an I de la République (1793) précisera dans son article 4 que «Tout homme né et domicilié en France, âgé de vingt et un ans accomplis ; tout étranger âgé de vingt et un ans accomplis, qui, domicilié en France depuis une année – y vit de son travail – ou acquiert une propriété – ou épouse une Française – ou adopte un enfant – ou nourrit un vieillard ; – tout étranger enfin, qui sera jugé par le Corps législatif avoir bien mérité de l’humanité – est admis à l’exercice des Droits de citoyen français.» Et dans son article 120, elle précise que notre pays «donne asile aux étrangers bannis de leur patrie pour la cause de la liberté», qu’il «le refuse aux tyrans». Un message qui fera de la France aux yeux du Monde la «Patrie des Droits de l’Homme», au rayonnement universel.

Tout être humain, sans distinction de race, de religion ni de croyance …

Tout au long du 19ème siècle, nombre de ceux qui se dressèrent contre la tyrannie et l’oppression nationale – et qui pour cela furent persécutés – se réfugièrent dans notre pays : démocrates allemands, patriotes hongrois, polonais ou italiens, tel Garibaldi. Et au 20ème siècle, fuyant tout à la fois la misère, les persécutions raciales et le fascisme qui s’installe et s’étend sur notre continent, des femmes et des hommes, des familles, viennent dans notre pays, espérant y trouver le mieux-être, la sécurité, la liberté. Antifascistes italiens, antinazis allemands, Républicains espagnols, Polonais, Roumains ou Hongrois fuyant les dictatures, le racisme et les pogromes antisémites, trouvèrent ainsi entre les deux guerres asile en France ; au grand dam de l’extrême-droite qui fulmina alors – avec des accents qui ne sont pas sans écho aujourd’hui – contre les «métèques», accusés d’accroitre le chômage, d’être des criminels en puissance, des porteurs de maladies…

Les immigrés dans la Résistance

Les immigrés accueillis dans notre pays – parfois même dans des conditions indignes tels les républicains espagnols parqués dans des camps – lui en furent reconnaissants : quand il fut menacé par l’agression hitlérienne, nombre s’engagèrent dans son armée. Et quand, vaincue, la France sera sous le joug de l’occupant nazi et de ses complices du régime pétainiste, dont les toutes premières mesures seront de s’en prendre aux Juifs, aux étrangers, accusés d’être responsables des malheurs de la France, ceux-ci seront nombreux aux cotés des Français dans les rangs de la Résistance ; des combattants de la M.O.I., tels les héros de l’Affiche rouge, aux Guérilleros et aux maquisards allemands antinazis. Ils seront nombreux dans les rangs des FFL, tels ces Républicains espagnols de la Colonne Dronne de la 2ème DB qui entra dans Paris insurgé. Sans oublier ces centaines de milliers de Maghrébins et Africains de la 1ère Armée qui participèrent à la libération de notre pays et à la Victoire contre le nazisme.

Notre totale désapprobation de propos assimilant immigration et délinquance

Valeurs de la Résistance et valeurs de la République, intimement liées par l’Histoire, sont antinomiques de tout racisme, de toute xénophobie, de toute désignation d’une communauté comme responsable en tout ou partie des problèmes auxquels notre pays – ou tout autre – peut être confronté.
C’est pourquoi, partageant en cela celle exprimée par des élus de toutes opinions démocratiques, tant de l’opposition que de la majorité, des intellectuels, des femmes et hommes de religion de toutes confessions, des militants et responsables politiques, syndicaux et associatifs, de simples citoyennes et citoyens, nous ne pouvons que dire notre totale désapprobation de propos assimilant immigration et délinquance, désignant toute une communauté à la vindicte populaire, et qui remettent en cause des principes fondamentaux de la République quant à l’égalité de tous devant la Loi, qui nuisent au prestige de la France dans le Monde.
Venant après l’affaire des tests ADN, celle du fichier Edvige et la campagne sur l’identité nationale, ils contribuent à estomper la frontière claire et infranchissable qui doit exister entre les opinions démocratiques de toute tendances et celles qui trouvent leur inspiration tant dans les idéologies fascistes que dans celle du pétainisme.
Ils soulignent la nécessité du passage de la mémoire de ce à quoi ont conduit les discours d’exclusion tenus il y a trois quarts de siècle, de ce qu’a été la réalité du fascisme au pouvoir, du sens du combat antifasciste et de la Résistance. Et la spécificité du rôle irremplaçable de l’ANACR à cette fin.

Le Journal de la Résistance (intertitres de la rédaction)

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