Après sa mort à Paris, le 30 août dernier, ce samedi 11 septembre, un dernier hommage a été rendu à Léo Micheli ; c’était au cimetière de Bastia, devant le monument de la Résistance. Tour à tour, Michel Stefani pour le Parti communiste français, Sixte Ugolini pour l’ANACR 2B et Gilles Siméoni pour la Collectivité de Corse ont rendu hommage à Léo ; Léo, le dernier parmi les plus hauts responsables de la Résistance corse, plus précisément au sein de la troïka qui dirigeait le Parti communiste en Corse. Il n’avait pourtant que 20 ans lorsque la Corse fut occupée par les Italiens mais « Aux âmes bien nées, la valeur n’attends pas le nombre des années; »
Les trois orateurs ont tous souligné la précocité de cet engagement, sa vista politique et ses capacités d’organisateur. Sixte Ugolini, pour l’ANACR 2B, a souligné qu’après avoir été un acteur majeur de la Résistance en corse, « il mettait toute son énergie à faire connaître cette page glorieuse de notre histoire […]. Il disait que sans témoins pour le raconter, l’histoire n’existe pas. Et sans relâche, il déroulait le récit pour que d’autres le reprennent. Car la transmission était sa grande passion. Ses interventions auprès des élèves étaient un ravissement dont les élèves sortaient émerveillés et émus. J’en atteste, j’étais avec lui. […] Chaque fois qu’il prenait la parole, quelle que soit la circonstance, en public, en privé, ou devant des élèves, soufflait un vent de vérité. Nous le pleurons mais nous n’oublierons pas qu’il portait en lui toute la force glorieuse d’humanité que portait en elle la Résistance a conclu Sixte Ugolini ».
Anticipant sur la cérémonie d’hommage au cimetière de Bastia, déjà, lors de la cérémonie du 9 septembre au monument de la Résistance, des élèves de la classe de première européenne du lycée Giocante de Casabianca étaient présents pour un hommage à Léo Micheli qu’ils avaient eu le bonheur d’accueillir. Leur professeur, Monsieur Jean-Marc Pellegri, tenait en leurs noms à exprimer leur gratitude à Léo.
« La Résistance demeure la seule période historique encore capable de produire du ciment national au sein d’un pays largement divisé », rappelle Pierre Nora.
C’est en 2013, lors des cérémonies du 70e anniversaire de la Libération de la Corse, que nous avons, mes élèves et moi-même, eu le privilège d’échanger sur le sujet avec Monsieur Micheli, ce témoin, acteur des événements que nous commémorons encore aujourd’hui. Il s’était prêté, avec une extrême gentillesse, au feu des questions d’élèves dont le programme scolaire rappelait alors que « La mémoire entretient une relation affective et mouvante avec le passé, alors que l’Histoire en est une Reconstitution problématisée et scientifique ». N’éludant, n’esquissant aucune question, il passait, avec une aisance, parfois déconcertante, du conteur des événements à l’analyste de la période, faisant siennes toutes les qualités de l’historien, nous rappelant par là même que celui-ci ne considère plus seulement la mémoire comme une source, mais comme un objet d’étude. Ce fut un plaisir partagé, un de ces rares moments où les mots sont porteurs de sens, lui qui nous expliquait, je le cite : « sans le peuple, point de démocratie » et qui s’inquiétait du « retour des idéologies du rejet de l’autre qui ne mènent qu’à la guerre ».
Ce jour-là, nous avions dialogué avec un témoin, un acteur de son temps, et avons rencontré un Homme libre, engagé dans tous les combats qui méritent d’être menés et qui nous transmettait sa flamme. « Merci Monsieur Micheli, pour cette belle leçon de choses, que nous n’oublierons pas ! » C’est pour cela, qu’aujourd’hui, nous participons à l’hommage qui vous est rendu, « car c’est une bonne idée par les temps qui courent, d’ honorer la Résistance et les luttes d’avant ou d’après » comme se plaît à le dire l’historien Vincent Duclert.