Chaque anniversaire décennal de la libération de l’île amène son lot de scoop que des médias corses, peu regardants, nous livrent sans filtre. On retiendra cette année une étonnante révélation : selon l’interview donnée par Isaline Choury sur RCFM1Interview d’Isaline Choury à RCFM 5.09.2023. Emission I Giranduloni., il a fallu attendre l’année 2009, son retour en Corse, pour que la résistance insulaire soit enfin célébrée comme elle aurait toujours dû l’être a déclaré l’interviewée. Sur les ondes de RCFM, Isaline Choury nous révèle ce qui « depuis la guerre » avait échappé aux
Corses : « depuis la guerre », les cérémonies du 9 septembre occultaient « ce qui s’est réellement passé » ; plus précisément, le rôle de la Résistance corse était escamoté pour donner la primauté aux libérateurs venus d’Algérie. Selon elle, la faute incomberait aux résistants qui n’auraient pas été fidèles au souvenir de cette glorieuse page d’histoire qu’ils ont pourtant écrite. Ils auraient donc trahi sa mémoire !
Isaline Choury se dit ravie du déroulement de la commémoration l’insurrection cette année 2023 à Ajaccio : « Enfin on ne fait pas que du militaire ! car pendant des années, jusqu’en 2009, il n’y avait que des défilés de voitures avec des militaires. Je ne comprenais pas : mais où est le Front National de Libération qu’il y a eu en Corse ? où sont les patriotes corses qui se sont libérés sans l’armée [sic] ? où est l’insurrection du 9 septembre ? on était le 9 septembre et il n’y avait rien. » On apprend dans cette interview que c’est I. Choury elle-même qui a corrigé le discours prononcé par la présidente de l’ANACR 2A en 2009 ; Jacqueline Wroblewski « se contentait de reprendre les discours de ses prédécesseurs » [Pour ne citer que les derniers : Jérôme Santarelli, Albert Ferracci, Charles Luzi, et Arthur Giovoni en 1993]. « Tout ce que tu racontes va être ridicule parce que moi je raconte la vérité historique »[sic]. Écoutant ses conseils, Jacqueline Wroblewski corrige donc son discours « Et pour la première fois, le 9 septembre, devant le monument de la Résistance2Que l’ANACR 2A avait obtenu de la municipalité d’Ajaccio et de la Chambre de commerce d’Ajaccio, en 1990, elle a raconté le 8 et 9 septembre tels qu’ils se sont passés. Et c’était la première fois depuis la guerre [sic]. Et à partir de là, j’ai eu des embûches. On a essayé de m’empêcher. Sans arrêt je suis intervenue tous les 9 septembre. »
65 ans après, la vérité aurait enfin percé. I. Choury. se félicite que « … dorénavant, c’est la fin de toutes les inventions volontaires ou non ». Elle nous explique qu’elle ne travaille qu’avec des archives, entre autres celles du journal Le Patriote tiré sur une imprimerie que « [son] père a fait installer dans la grotte de Porri ». Léo Micheli3responsable des Jeunesses communistes et du Front patriotique des jeunes, un des « architectes » du Front national en Corse qui a participé au transfert et à l’installation du matériel d’imprimerie vers la grotte de Porri ne fait jamais mention de Maurice Choury. Léo Micheli a témoigné sur le site de l’ANACR 2B, que l’initiative et la réalisation de l’opération en reviennent aux dirigeants de Haute – Corse. Ce sont Emile Reboli et Robert Pedeni qui ont volé le matériel aux Italiens, à Bastia, lui même participant au transfert du matériel et à son installation dans la grotte de Porri. On espère que ses archives démentiront Léo Micheli.
Andrée Vespérini. Antoine Poletti
