Agent du réseau Pearl Harbor, l’adjudant chef Michel Bozzi est débarqué début février 1943 par le sous-marin Casabianca pour y faire du renseignement. Il est arrêté le 16 juin. Condamné à mort, il est fusillé le 30 août 1943.

Michel Bozzi est le fils de Paul Bozzi et de Lucie Sanviti. C’est en Algérie où sa famille s’est expatriée qu’il s’engage, à 18 ans, dans l’armée ; plus précisément, le 1er régiment des Zouaves, un corps d’élite.
Après le débarquement des alliés anglo-saxons à Alger en novembre 1942, l’adjudant chef Michel Bozzi est recruté par Paul Colonna d’Istria et détaché au 2ème bureau pour opérer, sous les ordres du Commandant de Saule, dans le cadre du réseau Pearl Harbor.
Avec un  autre militaire radio, il embarque début février à Alger sur le sous marin Casabianca qui après une mission à l’ouest de Saint-Tropez rejoint les côtes de Corse pour y débarquer les deux hommes, leurs postes émetteurs ainsi que des armes et munitions destinées à la Résistance.
La plage d’Arone sur la commune de Piana est choisie pour ce débarquement. Ce soir du 5 février, la mer est un peu agitée et en plus, le rendez-vous avec les Résistants est manqué. Les patrouilles ennemies surveillent les côtes. Pour échapper à leur vigilance, les hommes se réfugient dans la maison en ruine d’un berger. Le lendemain, ce sont 450 mitraillettes et 60 000 cartouches qui seront débarquées et planquées en attendant l’arrivée des Résistants. Grâce à eux, Michel Bozzi rejoint Ajaccio qu’il connait et où il peut compter sur sa famille et ses amis. Après avoir accomplit sa mission – renseignement et transmissions au PC d’Alger – il doit embarquer pour l’Algérie sur le sous-marin Casabiancal le 10 mars mais il doit céder sa place à un colonel recherché par la police politique italienne. Resté en Corse, il se propose pour une deuxième mission au cours de laquelle les informations transmises permettront la destruction de deux bateaux italiens.
Mi-juin, l’étau se resserre. Michel Bozzi, pressentant la menace proche, avertit sa famille et ses amis pour qu’ils détruisent tous les documents qui pourraient lui nuire. Le service de contre-espionnage, informé par un « donneur », apprend qu’un contact entre deux suspects sera établi au « Petit Bar », sur le cours Napoléon. Selon les attendus du jugement du Tribunal militaire italien, présidé par le général Stivala  :  » Le 16 juin 1943, de source sûre, il était signalé à nos agents du service C.S.  que deux personnes suspectes (dont on fournissait le signalement) s’étaient donné rendez-vous pour ce même après-midi au bar « Paris » d’Ajaccio. Après qu’eussent été disposés les services opportuns, vers 19H30, on remarqua un individu qui se montra sur le seuil du bar en avançant la tête vers l’intérieur de l’établissement et qui poursuivit sa route vers l’intérieur de l’établissement et poursuivi sur le cours Napoléon. Aussitôt arrêté et conduit à la caserne des carabiniers du roi, il montrait une pièce d’identité au nom de Bianchi Marcel. Vers 19H45, on arrêtait également l’autre individu identifié Mariani Ange Félix. »

Michel Bozzi est incarcéré dans la citadelle d’Ajaccio. Ayant été averti d’un projet d’évasion, l’occupant le transfère à Bastia, à la caserne Vautrin, dans le courant de la nuit. Interrogé sans relâche, torturé plusieurs fois, il ne livre aucun renseignement. Le 30 août, il est condamné à la peine capitale par le Tribunal militaire italien. La veille de son exécution, avec jean Nicoli, il rédige une lettre à ses compagnons co-détenus1

Lettre de J. Nicoli et Michel Bozzi à leurs compagnons de la cellule n° 3. Datée du 29.08 à 10 heures 30. (Source. Le Patriote du 15.10.1943)
Le couloir entre la vie et l’au-delà envois ceci.
Ils montreront (sic) qu’il y a des Corses dignes de leurs aïeux. Cette racaille au Procès nous a fait mal juger. Nous lèverons haut l’étendard… Soyez tranquilles.
Nous espérons que notre sang vous donnera le courage de supporter toutes les tristesses de la prison et qu’il vous donnera l’espoir en des jours meilleurs que nous sentons proches, nous qui mourrons. Nous mourons heureux pour la cause que nous avons servie. Votre souvenir à vous, amis de la cellule n° 3 : Acquaviva, Giuntini, Franchi, Faggianelli, Bonafedi (Nous excluons le faux témoin Bassi, d’autres lui enverrons le bonjour pour nous), nous sera cher et ma pensée sera pour vous. Puisse-t-elle vous porter bonheur !
Nous mourrons en Corse français et le procureur du roi l’entendra de ses oreilles.

Il est fusillé, face à l’ennemi, ce même jour à Bastia, comme Joseph Luigi et Jean Nicoli. Il avait 33 ans.