Jérôme (c’est son prénom usuel ) Santarelli est né le 25 mars 1912 en Corse du sud, à Viggianello dans une famille très modeste contrainte d’aller s’installer à Toulon pour que le père de famille trouve du travail. Admis en 1930 à l’Ecole normale d’instituteurs d’Ajaccio, Jérôme Santarelli entre ensuite à 21 ans à l’Ecole militaire de Saint-Maixent comme élève officier de réserve (EOR). Son service militaire est accompli comme sous-lieutenant au 159e RIA de Briançon.

Il commence sa carrière d’instituteur dans un hameau de Sartène, Serraggia. Il sera nommé à Sartène en 1938.
Deux facteurs principaux expliquent sa prise de conscience politique : ses origines sociales  mais aussi la mort de deux ouvriers tués en 1935 à Toulon lors d’un mouvement revendicatif. Il adhère au Parti communiste en Corse la même année. En 1937, il est candidat aux cantonales dans le canton d’Olmeto.

La période de la guerre

Pendant la première phase, entre septembre 1939 et juin 1940, il est mobilisé au 10e bataillon du 373° RI dans le secteur de Santa Manza à Bonifacio. Il témoigne de l’insuffisance des équipements militaires et des mauvaises conditions sanitaires dans cette zone impaludée.

Vidéo du retour de Jérôme Santarelli à la grotte de Iéna

Jérôme Santarelli est muté en novembre 1940 à Serraggia en raison de son appartenence politique.
L’Occupation italienne commence le 11 novembre 1942 : après une brève interpellation policière, il quitte Serraggia le 2 décembre et est accueilli par les frères Paul et Charles Tramoni à Yena, près de Mola, dans la vallée de l’Ortolo. En choisissant la clandestinité, il entend préserver sa liberté d’action contre l’occupant. Avec Joseph Tramoni (qui sera maire de Sartène à la Libération), il trouve refuge dans une grotte qui domine la vallée de l’Ortolo. Les deux hommes rédigent des tracts. Ils ont une machine à écrire et restent en relation avec leurs camarades de Sartène. En janvier 1943, ils commencent à rechercher des contacts directs avec la population locale. Le premier a lieu au hameau de Gianuccio, dans le massif de l’Uomo di Cagna. Il s’agit de susciter l’esprit de Résistance en commentant les nouvelles favorables (ici, la défaite des nazis à Stalingrad), d’inciter les habitants à des actions limitées de harcèlement contre l’occupant, en particulier par le sabotage des lignes téléphoniques, et aussi de recruter pour le Front national auquel appartient Jérôme Santarelli..
Le Front national lui confie en mars 1943 le poste de responsable militaire de l’arrondissement d’Ajaccio. Il récupère le poste radio du réseau Fred Scamaroni dont les principaux membres viennent d’être arrêtés. C’est le mois suivant qu’il participe à une réunion à Ajaccio dans une salle de la Brasserie nouvelle avec Paul Colonna d’Istria, François Vittori, qui est responsable militaire départemental et André Giusti, chargé du renseignement. Colonna d’Istria, parlant en tant que délégué du général Giraud, expose ses objectifs : coordonner l’action des groupes de Résistance et former une armée secrète. Jérôme Santarelli transmet les instructions à chacun des responsables militaires cantonaux de l’arrondissement.

Le dimanche 27 juin 1943, il se trouve à Ajaccio chez ses cousins Antoinette et Jacques Bonafedi, en compagnie de Jean Nicoli. Ils préparent la réception, sur la côte des Agriates, du sous-marin Casabianca qui doit livrer plusieurs tonnes de matériel de guerre. Ils sont prévenus que l’immeuble est cerné par les Italiens. Quand ils sont découverts, l’Italien s’écrie en voyant Jérôme Santarelli :  » Non è lui ». Mais ils reconnaissent Jean Nicoli d’après la photo d’une fausse carte d’identité trouvée sur le radio Luiggi qui avait été interpellé quelques jours plus tôt. Les deux hommes sont arrêtés. Ils seront jugés le 28 août 1943 par le Tribunal militaire italien. Nicoli, condamné à mort et exécuté le 30 août. Santarelli condamné à 30 ans de réclusion (peine exécutable en Italie) sur de simples présomptions. Déporté en Italie le 3 septembre, il ne reviendra en Corse que le 7 juillet 1944.

Hélène CHAUBIN

Jérôme Santarelli est resté un militant de la mémoire de la Résistance comme président de l'ANACR de la Corse du Sud de 1981 à 2005. Il en était encore le président d'honneur au moment de son décès.
Un groupe scolaire inauguré le 9 septembre porte désormais son nom.