Né(e) à Casalabriva (France, Corse du Sud(2A)), le 07 Février 1906 – Décédé(e) à Ajaccio (France, Corse du Sud(2A)), le 10 févr. 1986
Antoine Colonna d’Istria, qui vit à Alger pendant la guerre, est recruté par le S.O.E pour une mission secrète : la mission Frederick, débarquée en Corse début février 1943. Ses deux compagnons seront arrêtés et fusillés. Lui suvivra.
Il est le fils unique de parents de conditions modestes. Il fait de brillantes études au lycée Fesch d’Ajaccio. Après avoir obtenu son baccalauréat, à 16 ans, il se destine à une carrière commerciale et fait donc des études supérieures sur le continent. Après quelques postes de directeur dans une grande chaîne de magasins en France, en 1937 il décide de partir avec son épouse (Il s’est marié en 1925) à Alger où on lui confie la direction d’un Monoprix.
Quelques semaines après qu’ils aient débarqué en Afrique du Nord, les Alliés le contactent et lui proposent de recrutement de compatriotes corses pour une mission secrète dans l’île. Terry Hodgkinson dans un petit livre, « Frederick, la mission oubliée » relate comment a été constituée la mission et son destin tragique en Corse : des trois hommes débarqués début février à Cupabia,-Guy Verstraete, Charles Andrei et Antoine Colonna d’Istria, seul ce dernier a échappé a eu la vie sauve.
Début janvier 1943, Antoine reçoit « la visite du général Clark, organisateur des débarquements à Alger, du colonel Crawford et d’un lieutenant de la marine britannique, probablement d’origine suisse, Till Fischer. Ils le questionnèrent sur ses relations avec les exilés Corses vivant à Alger, car il était vice-président de la ‘Société Corse’ [une amicale]. Crawford lui demanda s’il pouvait regrouper cinq ou six de ses compatriotes en qui il avait une totale confiance pour aller en Corse en mission secrète d’espionnage. Antoine Colonna d’Istria promit de faire ce qu’il pourrait et commença à sonder quelques personnes autour de lui. Il fut d’une certaine façon déçu par leurs réactions. La majorité des Corses n’avaient pas envie de retourner chez eux dans de pareilles circonstances.
« Antoine Colonna d’Istria informa son cousin Paul Colonna d’Istria de la tâche que Crawford lui avait confiée. ils réunirent leurs efforts et après un certain nombre de contacts, réussirent à former une équipe de quatre hommes sur lesquels on pouvait compter. » Paul Colonna d’Istria, capitaine de gendarmerie à Alger, vit mal son inactivité en Afrique alors que son île est occupée. Il accepte de faire partie de la mission. L’équipe est constituées de Paul et Antoine Colonna d’Istria, Charles Andrei, Verstaete, Jean Acquaviva et François Chiappe. Elle suit un entrainement militaire sur une base secrète du I.S.L.D / M.I. 6. A cause d’une dysenterie Paul devra renoncer. Il partira pour une autre mission, plus tard. En attendant, c’est Antoine qui fera partie de la mission Frederick, avec Guy Versraete (Vernuge), et Charles Andrei.
Parti le 7 février, et après trois jours de navigation, le HMS Saracen arrive en Corse. Il échappe à la vigilance des occupants italiens pourtant bien présents et réussi à débarquer les trois hommes dans la baie de Cupabia, au même endroit où un mois plus tôt avait débarqué la mission Sea Urchin commandée par Scamaroni. Antoine qui connaissait bien les lieux, et comptait quelques amis et parents, parvint à mettre la mission en lieu sûr. Lui-même s’installa chez sa mère à Petreto-Bicchisano, justifiant sa présence en Corse par un crochet qu’il a pu effectuer lors d’un voyage d’affaire en France. Il recueille des renseignements sur la présence ennemie, très dense en ce lieu. Il fait passer les informations à Verstraete installé à Tivolaggio, au sud de Propriano. Quand le 12 avril 1943, Verstraete et Andrei sont arrêtés, il doit quitter la maison de sa mère et se réfugier au maquis, près de Sollacaro. Il n’en sortira qu’à la libération de l’île, en septembre 1943.
Il rejoint Alger mais ses employeurs lui signifient qu’il a quitté son poste et a donc perdu son emploi. Il est recruté par le S.O.E. et rejoint Londres où il séjournera un an. A la fin de la guerre, il rejoint la France où il exercera le métier d’agent commercial. Il décède à Ajaccio le 10 février 1986.
A.P. (avec les renseignements fournis par la fille d’Antoine Colonna d’Istria, Mme Parla, et ceux puisés dans le livre « Mission Frederick » (Terry Hodgkinson)
Décorations : Military Cross, Médaille de Guerre, Médaille de la Résistance et Légion d’honneur.