Arthur GIOVONI
Né(e) à Moca-Croce (France, Corse du Sud(2A)), le 06 Octobre 1909 – Décédé(e) à Paris (France, Paris(75)), le 19 janv. 1996
Issu d’une famille originaire d’Azilone-Ampaza, dans le canton de Sainte-Marie-Sicche ; ses parents sont instituteurs à Moca-Croce, où il nait le 6 octobre 1909. Il fait ses études secondaires au lycée Fesch à Ajaccio jusqu’au baccalauréat, avant d’aller à Aix-en-Provence où il obtient une licence de philosophie en 1933.
Il est nommé professeur à Bastia, puis à Ajaccio où il se signale par sa participation à une grève très peu suivie en 1938. Il participe à la création de l’Union départementale des syndicats, le 21 mai 1939. Il s’est fait connaitre dans les années précédentes comme un propagandiste actif par son soutien au Front populaire. Il était membre du bureau fédéral avant que ne soit créée, en 1937, la « région corse » du Parti communiste. Le parti est faible : mais il présente des candidats. A Bastia, aux cantonales de 1937, Arthur Giovoni obtient 225 voix sur les 408 recueillies au total par les communistes (24 012 suffrages exprimés).
Arthur Giovoni est l’un des responsables politiques du Parti communiste en Corse, depuis les années trente : sa vie de militant commence en 1934, année de son adhésion. Pendant l’Occupation italienne, il est rapidement reconnu comme le principal dirigeant du Front national même si l’initiative de la création du Mouvement revient dès 1941 à des responsables communistes comme Léo Micheli. Après la libération de l’île, Arthur Giovoni est considéré comme un représentant incontournable de la Résistance insulaire par le Comité de la libération nationale d’Alger.
Il a 30 ans quand la guerre éclate, il est mobilisé au 92ème régiment d’artillerie. Il est démobilisé en juillet 1940. Il retrouve un poste à Bastia mais, sur la réclamation de la Légion française des combattants, il est muté au lycée de Rodez où il a une activité clandestine de soutien aux enseignants révoqués par Vichy ; il contribue à l’organisation d’une commémoration interdite : celle du 14 juillet 1942. C’est pendant l’été de 1942 qu’il réussit à constituer à Azilone un groupe du Front national corse. Il ne retourne à Rodez que pour peu de temps, puisqu’il regagne la Corse dès la fin d’octobre 1942, afin d’échapper à une arrestation. Les Italiens débarquent quelques jours plus tard et Arthur Giovoni ne quitte plus la clandestinité. En décembre, avec l’arrivée de la mission Pearl Harbour, des moyens de liaison et de combat vont enfin être donnés au Front national qui peut recruter et se structurer. C’est en avril 1943, à la conférence de Porri, qu’Arthur Giovoni accède à une haute responsabilité au sein du Comité départemental de son mouvement, en étant particulièrement chargé des problèmes politiques. Sur le terrain, il est très actif. En raison de l’évolution de la situation politique et militaire en Italie, il opte, de concert avec Maurice Choury, pour la préparation d’une insurrection armée, en liaison avec des éléments non fascistes des troupes italiennes. La Résistance dispose de moyens en armes légères fournis par les parachutages ou livrés par les sous-marins essentiellement grâce aux accords passés avec Colonna d’Istria. Dans ses Mémoires, le général de Gaulle rappelle ces accords dont il n’a pas été informé et il ajoute : » …Le Parti communiste avait envoyé, de France, en mission auprès de Giraud, le député des Alpes-Maritimes Pourtalet qui, de Nice, s’était longtemps tenu en liaison avec Giovoni ». Le consentement d’Alger à une insurrection n’ayant pu être obtenu, Arthur Giovoni est embarqué le 5 septembre sur le Casabianca dans le golfe de Lava, porteur d’un état des positions italiennes en Corse. Arrivé à Alger le 8 septembre, il rencontre le général Giraud quelques heures avant l’appel au soulèvement dans l’île. Il y revient, dans la nuit du 13 au 14, avec le nouveau préfet Luizet et des renforts transportés par Le Fantasque et Le Terrible. Il rejoint le Conseil de préfecture, placé par le Front national auprès du préfet Pelletier que Luizet vient remplacer. Une ordonnance du CFLN datée du 17 septembre 1943, désigne les deux représentants des organismes de la Résistance corse à l’Assemblée consultative d’Alger : Arthur Giovoni et Henri Maillot. Paul Giacobbi est nommé en tant que parlementaire. Arthur Giovoni représente la Résistance insulaire.
Il n’est pas l’un des maires « acclamés » de septembre 1943, mais il est, en 1945 et 1946, le principal candidat de son parti : d’abord aux élections municipales d’Ajaccio, en avril-mai 1945, où il conduit avec succès la liste soutenue par le Front national et bat les bonapartistes d’Eugène Macchini, le maire de la Libération. Ensuite, aux élections à la Constituante du 21 octobre 1945 : les communistes, arrivés en deuxième place après les radicaux-socialistes, n’ont qu’un élu, Giovoni. Autre succès en 1946 quand il est élu à l’Assemblée nationale. Les tensions de 1947 lui font perdre la mairie d’Ajaccio, mais il est réélu député en 1951 malgré la loi sur les apparentements et le poids local du gaullisme. En 1956, il perd son siège et cet échec marque la fin de son parcours d’élu. Il demeure militant du Parti communiste. Il est Compagnon de la Libération. Retourné au professorat dans la région parisienne, il termine cette carrière au lycée Paul Valéry en 1970.
Arthur Giovoni est mort à Paris le 20 janvier 1996.
Hélène CHAUBIN (Biographie du CD Rom « La Résistance en Corse » AERI . Ed .2003 et 2008)
Sources : AD Corse du Sud, 41 W 1, comité de libération 1944-1945 – Témoignage : Hélène Chaubin, Maurice Choury, juillet 1968, enregistrement cassette audio – Témoignage : Pierre Orsoni, président ANACR 2B, Arthur Giovoni, Maurice Choury, Léo Micheli, correspondance entre les trois hommes – Témoignage : Hélène Chaubin, Arthur Giovoni, juillet 1968, enregistrement cassette audio -Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Paris, Atelier, 1997 – Silvani Paul, Corse des années ardentes, 1939-1976, Paris, Albatros, 1976 – Général de Gaulle, Mémoires de guerre, tome 2 : L’Unité 1942-1944, Paris, Plon, 1956, 173p – Choury Maurice, Tous bandits d’honneur !, Paris, Editions sociales, 1956.