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Actualités Il y a 82 ans, la première réunion du Conseil National de la Résistance

28 mai 2025

A Ajaccio, c’est au monument de la Résistance qu’a eu lieu la cérémonie pour commémorer le 82ème anniversaire de la première réunion du Conseil national de la Résistance. Après la lecture du poème Liberté d’ Eluard par des élèves de 6ème du collège Fesch, ont suivi l’allocution d’Antoine Poletti, pour l’ANACR 2A et le message du gouvernement lu par Monsieur Filippini, préfet de Corse, préfet de Corse-du-Sud.

L’allocution d’Antoine Poletti

« Dans Paris occupé par l’ennemi, le 27 mai 1943, rue du Four, sous la présidence de Jean Moulin, le Conseil National de la Résistance se réunissait pour la première fois depuis sa création. Un mois avant son arrestation et son martyre, Jean Moulin voyait ainsi aboutir la mission que lui avait confiée le général de Gaulle : « Unir tous les mouvements et réseaux de la Résistance autour d’un programme. » De ce jour, la résistance de chacun d’eux n’en faisait plus qu’une et toutes se plaçaient sous l’autorité du chef de la France Libre. Face au péril, ils avaient surmonté leurs désaccords, leurs divergences, pourtant profondes parfois, pour relever le défi qu’affrontait la nation : sa survie.

« Afin qu’ils se résignent à la défaite et à la liquidation de la République, le régime de Vichy accablait les Français de repentirs. Le maréchal Pétain leur demandait d’expier dans la collaboration avec l’occupant ; expier « 150 années d’erreurs » depuis la Grande révolution expliquait le maréchal Pétain en 1939. En acceptant la défaite et en signant ce honteux armistice, aux yeux du monde, la France s’était déshonorée ; aux yeux du monde, elle était déconsidérée. La guerre finie, elle serait dans le camp des vaincus, promise à subir la loi des Alliés vainqueurs. Elle pourrait même se voir amputée d’une partie de son territoire – ce fut envisagé par les Alliés. Empêcher ce scenario, voilà donc le défi que devaient relever les patriotes !

« Remis du chaos de la défaite de l’été 40, les mouvements et réseaux de résistance avaient commencé de s’organiser dans le pays « dans un grand désordre de courage » dira André Malraux. À Londres le général de Gaulle, depuis son célèbre appel du 18 juin, reconstituait, non sans peine, les Forces Françaises Libres, une armée pour maintenir la France au combat, aux côtés des Alliés. Mais il lui fallait, pour affirmer sa légitimité contestée, rassembler en une seule toutes les résistances luttant dans le pays et les mettre à l’unisson avec la France libre. Ce fut chose faite ce 27 mai 1943. « La voix de cette France écrasée, mais grondante et assurée, écrira plus tard le général de Gaulle, couvrait soudain le chuchotement des intrigues et les palabres des combinaisons. J’en fus à l’instant plus fort ».

« Dans l’immédiat, le Conseil National de la Résistance devait coordonner les efforts politiques et militaires afin de contribuer, avec les Alliés, à la victoire finale. Mais dès ce printemps 1943, le Conseil National de la Résistance avait aussi esquissé ce qui deviendra, un an plus tard, un programme de profondes réformes économiques, sociales et politiques qui constitueront le socle sur lequel, dans des relations internationales refondées, la France se reconstruira après-guerre : une France solidaire, fraternelle et souveraine pour faire en sorte, est-il écrit dans le programme du CNR, « que l’intérêt particulier soit toujours contraint de céder à l’intérêt général, que les grandes sources de la richesse commune soient exploitées et dirigées non point au profit de quelques-uns mais pour l’avantage de tous, que les coalitions d’intérêt […] soient abolies une fois pour toutes ».

« Un tel programme, précisait le général de Gaulle, « devra être conjugué avec une organisation internationale des rapports de toutes natures entre toutes les nations, telle que dans un monde dont l’interdépendance est désormais la loi, chaque peuple puisse se développer suivant son génie propre, et sans subir aucune oppression politique ni économique ». C’est inspiré de ces principes qu’a été élaboré le programme du Conseil National de la Résistance, que s’est reconstruite la société française.

« A l’évidence, dans la durée, au fil des décennies qui ont suivi, ce qui a eu lieu après n’a pas toujours été à la hauteur des espérances nées de tant de sacrifices, de tant de ruines, de tant de morts et de vies brisées. Il n’en reste pas moins que cet héritage du Conseil National de la Résistance est une réserve de sens parce que les valeurs et idéaux proclamés alors, appartiennent à leur temps et le dépassent. « L’évènement historique – la réunion clandestine du 27 mai 1943 en fut un – c’est que les mots mêmes deviennent irrécusables, ne peuvent plus être oubliés […] écrit notre compatriote Jacques Muglioni. Une simple proclamation a pu faire que les évènements ultérieurs d’avance étaient jugés ». L’évènement est, au vrai sens du mot, I-NOU-BLI-ABLE.

« Nos cérémonies veulent en porter témoignage afin de maintenir vivante la flamme de la Résistance et les valeurs qui l’animaient – Ces mêmes valeurs universelles partagées par les résistants partout ailleurs dans le monde, et dont la Déclaration universelle des droits de l’homme est l’expression la plus aboutie. En commémorant le 27 mai 1943, nous nous acquittons humblement de la dette incommensurable due à ces femmes et hommes qui se sont unis en dépit de leurs divergences, de leurs antagonismes parfois. Noëlle Vincensini qui vient de nous quitter était de celles-là. La jeune résistante des FTP de l’Hérault qu’elle était, la déportée à Ravensbrück quand elle n’avait que 17 ans. C’est dire qu’aujourd’hui disparaissent les jeunes résistants des années quarante. Il nous revient donc de continuer d’entretenir les valeurs et idéaux qui les rassemblaient dans une grande diversité d’options politiques et philosophiques. « Tout nous divisait, sauf l’essentiel » dira plus tard le général Jacques Chaban-Delmas qui fut président honoraire de notre association. Une leçon pour nous aujourd’hui.

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